Souvenirs de la maison jaune
João de Deus, un vieux journaliste qui a des différents avec sa logeuse, désire violemment la fille de celle-ci et, ayant attenté à sa pudeur, se trouve confronté à bien des problèmes.
"Voici en effet Souvenirs de la maison jaune (1989), qui ouvre un nouveau pan de l’œuvre, le plus fameux, Monteiro étant dès lors enfin reconnu. À partir de quoi il campe lui-même le personnage central de Jean de Dieu, ou ses alias. Avec son corps décharné et son jeu délicat, l’un et l’autre en opposition à la porcherie ambiante. Avec surtout son geste : se jouer de l’horreur sociale, lui faire la nique, en optant radicalement pour le pôle opposé du monde et de l’existence, la grâce des jolies jeunes femmes. Désormais le désir insoumis, toujours bel et bien là, accède au plaisir souverain. Et l’œuvre à ses sommets. Le tout non sans une saine ironie décapante, omniprésente, à commencer par ce personnage de « vaincu de la vie » (expression de Monteiro) retournant la chose – revanche du faible – en Don Quichotte de l’amour et de l’anarchie tragi-comique.
Souvenirs de la maison jaune, donc. Face à la misère sordide, la beauté des jeunes femmes – même d’une policière catholique, incitant à une double transgression envers les autorités et la morale dominante. Face à l’ordre établi, l’apparition vengeresse de notre homme sous l’uniforme de l’ennemi salazariste, à la façon de Stroheim, puis sa réapparition finale en Nosferatu suite à l’inoubliable injonction : « Va, donne-leur du fil à retordre ! »"
-Fabrice Revault, La Cinémathèque Française