Metropolis
2026. Des ouvriers travaillent dans les souterrains d’une fabuleuse métropole pour assurer le bonheur des nantis qui vivent dans des jardins suspendus. Jusqu’à ce qu’un androïde se révolte...
Ce chef-d’œuvre absolu, film phare du cinéma expressionniste allemand, est à la fois un conte futuriste, un drame biblique, une fable dystopique. Un monde en soi.
Dans une métropole-usine inhumaine et gigantesque, les travailleurs devenus esclaves des patrons veulent organiser la révolte. Une jeune femme, Maria, entend les dissuader de cette idée car elle est certaine que si ses compagnons se rebellent, ils seront inévitablement massacrés... Rotwang, un scientifique animé par un esprit profondément nihiliste et déstabilisateur, construit alors un automate, semblable à Maria, pour pousser le peuple à la révolte. Lorsque la révolte est déclenchée, la métropole est sauvée du massacre total (et d'une terrible inondation) par l'intervention du fils du "maître suprême", qui est tombé amoureux de Maria. Et le mariage définitif entre les deux, une solution interclassiste typique, balayera toute contradiction. Comme d'autres films de Lang, l'histoire se déroule en dehors de la réalité contemporaine (au moins pour cette période historique, mais la différenciation est toujours valable aujourd'hui). Le message final, dans lequel la combinaison de "bravoure" est destinée à aplanir et à résoudre les drames sociaux, apparaît aujourd'hui inévitablement chargé d'un optimisme excessif, mais le film est une œuvre de premier plan car Lang "ose l'inosable" dans le domaine de la catharsis visionnaire et de la suggestion imaginative. Le critique français Luc Moullet dit : "...l'histoire n'est pas sans le mauvais goût et les clichés typiques du mélodrame de l'époque, mais le résultat n'est pas, au contraire, dépourvu de force poétique ; c'est un cinéma épique qui s'oppose au "Napoléon" d'Abel Gance : des machines gigantesques, des œuvres surhumaines, des cataclysmes artificiels, une rêverie ultramoderne encore nouvelle à l'écran, qui ne sera exploitée que dans les années suivantes...". Lang joue d'un talent inégalé pour concerter la relation scénique et visuelle entre la masse et l'environnement, décrivant la monstrueuse et tentaculaire métropole avec le ton grandiloquent et inspiré de ce grandiose "organisateur" d'images qu'il était : la séquence du déluge surtout, qui se résout, dans la foule désespérée et le fracas de la foule, presque dans une représentation "ornementale" et picturale. Certains critiques particulièrement zélés ont trouvé, sous la prétendue "patine" décorative, une certaine absence de fond, mais il n'est pas nécessaire de se lancer dans de tels litiges ici. En toute sérénité, on peut dire que Metropolis est l'un des chefs-d'œuvre absolus de l'histoire du cinéma mondial.
Dario Argento, Mostri & C.