Hermosa juventud

De Jaime Rosales
Espagne - 2014 - vost - 102'
Synopsis

Natalia et Carlos sont deux jeunes amoureux de 20 ans qui se battent pour survivre dans l’Espagne
actuelle. Leurs ressources limitées les empêchent d’évoluer comme ils le souhaiteraient. Ils n’ont pas
de grandes ambitions parce qu’ils n’abritent pas de grandes espérances. Pour gagner un peu d’argent,
ils décident de tourner un film porno amateur. La naissance de leur fille, Julia, sera le principal moteur
de leurs changements.

Critique

EN AVANT JEUNESSE

"Le temps que tu perds maintenant, tu ne le récupèreras pas !". Une menace plane sur la belle jeunesse du nouveau film de l'Espagnol Jaime Rosales (La Soledad). Rosales dépeint l'horreur économique à laquelle la jeunesse espagnole est confrontée, qui peut bien distribuer ses CV par milliers sans trouver le moindre travail. Quelques euros grattés pour aller à un concert, une fête de la lose sur un parking: Rosales décrit le quotidien d'une famille plongée dans le marasme et qui se bat. Pas de mélodrame doloriste pour autant, pas de regard mielleux sur ses héros courageux non plus. La survie ici est un instinct et le film est plutôt porté par cette tension, par cet art de l'ellipse qui donne une dynamique au récit.

La Belle jeunesse reste relativement classique: à film social, sa caméra portée et son image granuleuse. En prise directe avec ceux qu'il filme, Rosales troque parfois l'image 16mm contre un écran de chat, un portfolio de photos envoyées sur le net. La vie s'écoule comme ça, et le réalisateur évite quelques artifices dramatiques en zappant les rebondissements spectaculaires et scènes d'hystérie. Le point de départ paraît scabreux (un jeune couple, pour se faire un peu de fric, accepte d'être filmé pour la réalisation d'un porno amateur). Il est traité avec une étonnante indifférence: les billets récoltés valent bien ça. Bille en tête, Natalia et Carlos ne peuvent pas abdiquer, s'imaginent ailleurs ("N'importe où c'est mieux qu'ici") et font même un bébé. La vie continue, mais dans quelles conditions ? Le fin elliptique et glaçante apporte une réponse pour le moins désenchantée.

Nicolas Bardot, Film Culte