Genet à Chatila
En septembre 1982, quand le monde a appris le massacre de centaines d’hommes, de femmes et d’enfants par des miliciens chrétiens dans les camps de réfugiés palestiniens Sabra et Chatila, Genet se trouvait à Beyrouth. Le lendemain il a visité le camp et tous ces morts, accompagné de son amie Leïla Shahid, ambassadrice palestinienne. Rentré chez lui, il a écrit l’horrible spectacle des morts qu’il a vu dans le camp, dans un texte beau et émouvant.
Plus tard, pendant les derniers mois de sa vie, dans une chambre d’hôtel à Paris, il a écrit son dernier livre, Un captif amoureux, dans lequel il raconte sa vie dans les années 1960 et 1970 avec certains groupes de fedayins. Un récit poétique et philosophique sur la révolution palestinienne, ses espoirs et ses défaites.
L’actrice algéro-française Mounia Raoui nous mène sur les lieux et les paysages du livre.
"« Si tant de choses sont là pour être vues, seulement vues, aucun mot ne les décrira », Jean Genet, Un captif amoureux.Septembre 1982, les miliciens envahissent les camps de Sabra et Chatila à Beyrouth Ouest, assassinant un très large nombre de réfugiés palestiniens. Jean Genet qui se trouve à Beyrouth à cette période, se rend à Chatila le jour suivant et se voit marqué de façon irrémédiable par la désolation de ce qu'il y découvre. Guidé par un texte comme dans plusieurs de ses films – celui que Genet a rédigé quelques mois plus tard en dépit du cancer qui le rongeait – et mêlant matériel d'archives et témoignages, le cinéaste part sur ses traces, dans un temps suspendu et rythmé par le Requiem de Mozart, en quête d'images. Si souvent son regard se fond dans celui de la figure dont il brosse le portrait, il s'accompagne ici d'une jeune française d'origine algérienne, qui lit des extraits du texte, tandis que Jean-François Stévenin prête sa voix à l'auteur. C'est ce dispositif délicat et poétique qui confère au film (présenté à la Semaine de la Critique en 1999) tout le lyrisme et la justesse nécessaires à son sujet."
-Visions du Réel