Le fond de l'air est rouge

De Chris Marker
France - 1977 - vofr - 180' - Couleurs - Numérique
Synopsis

Le Fond de l’air est rouge retrace en deux parties (Les Mains fragiles et Les Mains coupées) les événements politiques de "la nouvelle gauche" dans les années 60-70. Passant par la guerre du Vietnam à la mort du Che, de Mai 68 au Printemps de Prague, du scandale de Watergate au coup d’Etat du Chili.

"On a tendance à croire que la troisième guerre mondiale commencera avec le lancement d’un missile nucléaire. Je pense plutôt qu’elle s’achèvera ainsi. D’ici-là continueront de se développer les figures d’un jeu compliqué, dont le décryptage risque de donner du boulot aux historiens de l’avenir, s’il en reste. C’est un jeu bizarre, dont les règles changent au fur et à mesure de la partie, où la rivalité des super-puissances se métamorphose aussi bien en Sainte-Alliance des riches contre les pauvres qu’en guerre d’élimination sélective des avant-gardes révolutionnaires là où l’usage des bombes mettait en danger les sources de matières premières, qu’en manipulation de ces avant-gardes elles-mêmes pour des buts qui ne sont pas les leurs. Au cours des dix dernières années un certain nombre d’hommes et de forces (quelquefois plus instinctives qu’organisées) ont tenté de jouer pour leur compte - fut-ce en renversant les pièces. Tous ont échoué sur les terrains qu’ils avaient choisi. C’est quand même leur passage qui a le plus profondément transformé les données politiques de notre temps. Ce film ne prétend qu’à mettre en évidence quelques étapes de cette transformation."
-Chris Marker

Critique

"Le Fond de l’air est rouge est un film qui ne base jamais sa beauté sur celle des images, utilise un commentaire qui questionne plus qu’il n’assène, joue la confrontation des archives plutôt que leur unification et revendique l’impureté de son corpus, ses raccourcis et ses lacunes. Et pourtant un savoir, une expérience passe là. Étudier quelques constructions du Fond de l’air est rouge, c’est entrevoir la puissance du cinéma face à l’histoire quand il ne prend pas des airs de grand narrateur omniscient."
-Guillaume Moret, Critikat

"Gamme et spectre d’un lyrisme dont la base de rouge s’intensifie ou s’efface au rythme des foules et de la prolifération des discours. Il fallait qu’à peine close la période révolutionnaire s’écrive et devienne époque. C’était possible, l’histoire était imprimée sur pellicules, elle était devenue film, pêle-mêle dans l’oeil d’une machine désormais accessible au grand nombre. L’historien s’adresse à nous, l’homme-planète, il détache nos silhouettes sur le fond du rapport de forces créé par tous ceux qui voulaient se déterminer d’eux-mêmes. Sa voix, litanie off des défaites qui nous précèdent, qui nous encouragent, chronique à distance les temps de la “troisième guerre mondiale”. (...)

Le bouleversement, même précaire, même vaincu, celui qui à cet instant est dans l’air et au fond des choses, s’écrit à même le film. Plus encore qu’un savoir d’historien ou de témoin, c’est ce miracle que Marker rattrape. Pour toute politique, des images rouges d’émotion. C’est déjà quelque chose : souhaitons que ce Fond de l’air… vienne encore s’incruster quelque temps sur nos fonds verts."
-Luc Chessel, Les Inrocks

 

Projeté dans le cadre de

Du 29 Mai 2025 au 31 Mai 2025
de Chris Marker (1977) - Les Classiques jeudi 29 mai à 20H30 & samedi 31 mai à 17H00!