1 Juin 2025

Séance spéciale : LE CHÂTEAU de Michael Haneke

dimanche 1er juin à 17H15 en présence du critique de cinéma Philippe Rouyer et en partenariat avec l'Association des Amis des Cinémas du Grütli !
Séance spéciale dimanche 1er juin à 17H15 de LE CHÂTEAU de Michael Haneke (1997 - Version restaurée) en présence du critique de cinéma Philippe Rouyer et en partenariat avec l'Association des Amis des Cinémas du Grütli, dans le cadre du Focus MICHAEL HANEKE À LA TV du mercredi 21 mai au dimanche 1er juin !
 
Critique et historien de cinéma, Philippe Rouyer est directeur de la revue Positif et chroniqueur régulier des émissions Mauvais genres sur France Culture et Le Cercle sur Canal+. Il est notamment l’auteur, avec Michel Cieutat, de Haneke par Haneke (2017 - Stock) : 

« Homme secret, cinéaste exigeant, Michael Haneke se révèle de manière étonnante dans ce livre, le premier en français qui lui est consacré.
Fruit d'une soixantaine d'heures d'entretiens entre Vienne et Paris, cet ouvrage, illustré de 136 photos rares ou inédites, permet au réalisateur de 
Funny Games et du Ruban blanc d'exprimer sa conception du septième art et sa perception du monde contemporain.
Face à Michel Cieutat et Philippe Rouyer, deux critiques de la revue Positif, Michael Haneke revient sur ses années de jeunesse et ses mises en scène au théâtre avant d'évoquer, film par film, son travail à la télévision et au cinéma, de ses débuts en 1974 à son dernier film sorti en 2017, 
Happy End.
Au gré d'échanges libres et passionnés, se dégage l'image d'un créateur singulier, perfectionniste et plein d'humour, qui compte parmi les grands humanistes de notre temps.
 »

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"Découvrir les premières œuvres peu connues d’un artiste qu’on aime est toujours passionnant. C’est l’occasion d’y traquer en germe ce qui fera l’essence de sa création et de revoir l’ensemble de l’œuvre à la lumière de ces nouvelles pièces. Ce que permet aujourd’hui la restauration de quatre films tournés par Michael Haneke pour la télévision autrichienne avant qu’il ne se consacre entièrement au cinéma. Il y bénéficiait certes de budgets limités, mais, en contrepartie, d’une grande liberté artistique. Même dans ses adaptations littéraires où il est censé mettre en valeur le style de l’auteur, il se montre inventif et personnel. Témoin l’utilisation des flash- forwards et autres télescopages temporels pour retrouver le cheminement de la pensée d’Ingeborg Bachmann dans Trois chemins vers le lac ou le recours à une blancheur métaphorique, au milieu des plans sépia, pour exprimer les sensations du protagoniste de Joseph Roth dans La Rébellion. Haneke a tourné La Rébellion en 1993, quand il avait déjà entamé sa carrière au cinéma, car il recevait toujours des propositions du petit écran alors que l’état de la production cinématographique autrichienne ne lui permettait pas d’enchaîner les longs métrages. Son dernier téléfilm est son adaptation du Château de Kafka, dont il restitue le côté inachevé et fragmenté, comme un écho à ses 71 Fragments d’une chronologie du hasard (1994) qu’il vient d’achever pour le grand écran. Cela renvoie à cette idée qui lui est chère et qu’il ne cessera d’appliquer à son cinéma qu’on ne peut pas prétendre rassembler le monde dans un livre ou un film.

C’est dire si, chez Haneke, films de télévision et de cinéma forment un unique corpus. Une autre preuve en est fournie par le diptyque Lemmings, un film choral en deux parties pour lequel il a écrit en 1979 son premier scénario original. La première partie, L’Arcadie, brosse le portrait d’un groupe de jeunes en 1959 à Wiener Neustadt, la ville où Haneke a grandi. Fidèle au conseil qu’il donnera plus tard à ses étudiants en cinéma, il choisit pour son coup d’essai de raconter ce qu’il a connu. Sans être directement autobiographique, Lemmings 1. L'Arcadie mélange des événements anciens vécus par le cinéaste et d’autres qu’il a vus ou qu’on lui a rapportés. Dans son esprit, ce film devait se suffire à lui-même. Quand le directeur de la chaîne de télévision productrice, en validant le projet, lui a réclamé deux autres parties, Haneke n’a réussi à en imaginer qu’une, intitulée Blessures et située vingt ans plus tard, donc à une époque contemporaine de sa création. Haneke brosse alors un bilan des aspirations et, surtout, des désillusions de sa génération au présent. Une génération héritière de la conduite de ses aînés durant la guerre. Ce qui renvoie à la formule qu’aime citer Haneke sur ce film, mais qu’il aurait pu reprendre pour Caché et Le Ruban blanc : « Les péchés des parents sont les névroses des enfants ! » D’où les envies suicidaires (parfois menées à terme) de ses personnages, leurs manifestations de violence et tous ces mensonges et lâchetés qui nourriront plus tard ce que le cinéaste a appelé sa « trilogie de la glaciation émotionnelle »."
-Philippe Rouyer, co-directeur de la publication de Positif, auteur avec Michel Cieutat du livre d’entretiens Haneke par Haneke (Stock)

Né en 1942, Michael Haneke est un réalisateur autrichien. Il étudie la philosophie, la psychologie et le théâtre à Vienne puis travaille pour la télévision allemande et autrichienne. Il est également metteur en scène de théâtre. Il réalise en 1989 son premier long métrage de cinéma, Le Septième Continent, inaugurant une trilogie sur la « glaciation émotionnelle » avec Benny’s Video et 71 Fragments d’une chronologie du hasard. Il fait parler de lui en 1997 avec son film Funny Games, éprouvant voyage dans l’horreur. Marqué par la violence latente de la société contemporaine, il développe une mise en scène qui se caractérise par un style glacial, clinique. Cinéaste de l’angoisse et de la provocation, il se passionne pour le thème de la violence traité sous tous ses aspects. Le Ruban blanc a remporté la Palme d’Or au Festival de Cannes 2009. En 2012, Amour lui vaut une seconde Palme d’or. Son dernier long-métrage en date, Happy End, fut sélectionné en Compétition au Festival de Cannes 2017.

Programmation

Dimanche 1.6