Les Feux sauvages
Chine début des années 2000.
Qiaoqiao et Bin vivent une histoire d’amour passionnée mais fragile. Quand Bin disparait pour tenter sa chance dans une autre province, Qiaoqiao décide de partir à sa recherche.
En suivant le destin amoureux de son héroïne de toujours, Jia Zhang-ke nous livre une épopée filmique inédite qui traverse tous ses films et plus de 20 ans d’histoire d’un pays en pleine mutation.
Les premières images du film Les Feux Sauvages ont été tournées en 2001. D’autres séquences ont été tournées tout au long des deux décennies suivantes, jusqu’aux scènes tournées à Datong en 2023.
"Depuis 2001, je me suis souvent rendu à Datong et j’ai filmé la ville avec toutes sortes de caméras. Datong était connue pour ses mines de charbon, mais quand j’ai commencé à y passer du temps, les mines étaient en voie d’épuisement et les prix du charbon chutaient. Cependant l’économie chinoise s’ouvrait rapidement et une vitalité nouvelle se manifestait partout où je regardais.
Avec ma caméra j’ai capté des foules chantantes, j’ai tournoyé avec les danseurs. J’ai suivi les jeunes dans tous leurs endroits préférés. La caméra entre mes mains était submergée de plaisirs inconnus.
Au cours des vingt années suivantes, j’ai suivi certaines de ces personnes de temps à autre, dans les Trois Gorges du fleuve Yangtze, à Zhuhai dans l’extrême sud, dans le nord-est et le sud-ouest de la Chine. Au fur et à mesure qu’elles vieillissaient, les caméras que j’utilisais évoluaient également : de la simple DV à l’Alexa et à la VR. Dans ma salle de montage, j’ai souvent regardé les images que j’avais tournées au fil du temps. A mesure que je sentais les moments qu’elles avaient saisis s’évanouir, elles devenaient distantes. Les moments joyeux du passé devenaient presque oniriques. Pendant toutes ces années, j’ai cherché les connexions sous-jacentes dans ces images. Ce n’est qu’en 2022, lors du confinement du Covid, que j’ai senti les histoires se former dans le cadre de ces deux décennies d’images. J’ai été frappé par le fait que les séquences ne présentaient pas un schéma linéaire de cause à effet. Il s’agissait plutôt d’une relation plus complexe, un peu comme dans la physique quantique, où la direction de la vie est influencée et finalement déterminée par des facteurs variables difficiles à cerner. J’ai donné un nom à la génération montrée dans le film lorsque j’ai choisi le titre chinois : le sens littéral de Fengliu Yidai pourrait être « une génération à la dérive » mais le terme Fengliu (littéralement « vent et vague » a une forte connotation romantique. La caméra a capturé des choses que nous pensions avoir oubliées mais ce sont ces choses qui ont fait de nous ce que nous sommes aujourd’hui."
-Jia Zhang-Ke