L'Insoumis

De Alain Cavalier
France - 1964 - vofr - 115' - Noir et Blanc - Numérique
Synopsis

Engagé durant la guerre d'Algérie et passé dans l'OAS, Thomas participe à la séquestration d'une avocate chargée de défendre des Algériens. Elle s'échappe en soudoyant le jeune homme, et l'aide à s'échapper de son univers.

Critique

"Si le rendu de cette souffrance impressionne tant, c’est en grande partie dû au travail de Cavalier (et de son chef opérateur Claude Renoir) sur la captation des gestes et la grammaire expressive du gros plan, qui rappellent l’influence décisive de l’œuvre de Robert Bresson (évoquée lors d’entretiens par le cinéaste) : du fait de l’unité de lieu et du jeu avec le hors-champ sonore, certaines scènes dans l’appartement semblent rendre un hommage direct à Un condamné à mort s’est échappé. Bressonien, Cavalier l’est aussi dans cette volonté de capter l’énergie de l’acteur lui-même ou ce qu’il appelle « l’énergie des seuls ». C’est du fait de sa performance physique que l’on peut dire que Delon trouve sûrement dans ce film l’un de ses plus beaux rôles.

L’Insoumis n’est que le deuxième long métrage d’Alain Cavalier, mais l’on y repère déjà de nets indices des directions radicales que prendra sa filmographie ultérieure, notamment à travers cette façon singulière d’isoler les mains du reste du corps qui semble préfigurer la matière de ses Portraits. On sent également affleurer dans L’Insoumis les questions que se pose le cinéaste sur sa propre position vis-à-vis de l’action et du réel. Si le film se fonde sur une souffrance au ventre, c’est que Cavalier en a lui-même connue une qui l’a marquée (afin d’être réformé, il s’était infligé lui-même un ulcère en ingérant une forte dose d’alcool). À l’inverse, Alain Delon qui s’est engagé dans l’armée très jeune a participé à une autre guerre coloniale. Et si l’homonymie de l’acteur et du cinéaste semble fortuite, le fait que Cavalier ait choisi sa propre fille pour incarner l’enfant de Thomas n’est pas négligeable. Ces apports biographiques laissent déjà transparaître une volonté de questionner les rapports entre la vie réelle et la fiction, une démarche que l’œuvre postérieure du cinéaste ne cessera de confirmer et d’approfondir."
-Critikat

Projeté dans le cadre de

Du 18 Septembre 2024 au 3 Octobre 2024
en 10 films du 18 septembre au 3 octobre !