Amarcord

De Federico Fellini
Italie - 1973 - vost - 127' - Couleurs - Numérique
Synopsis

Sous le fascisme, la chronique d'une année dans la petite ville de Rimini, vue à travers la famille de Titta, collégien adepte de l'école buissonnière.

Fellini revisite sa province natale de l’Italie des années 1930 à travers une galerie de personnages hauts en couleur. Souvenirs tendres et nostalgiques sur la musique de l’inséparable Nino Rota, Amarcord envoûte par son côté lunaire et féerique, son humour et sa sensualité.

Critique

« Le sujet d’Amarcord – disait Pascal Bonitzer – c’est la jouissance. Mais l’inscrivant dans la fiction d’une mémoire, [Fellini] l’historicise, il la date » (« Mémoire de l’œil (Amarcord) », in Cahiers du cinéma, n°251-252). Le film engage une réflexion sur la réactualisation d’un passé qui se désagrège inéluctablement. Aussi, Fellini ne délivre-t-il pas une reconstitution historique rigoureuse. Il préfère abattre les barrières de l’histoire, pour rapprocher le passé du présent de la narration. Pour Fellini, l’acte de remémoration vise à établir une continuité temporelle plutôt qu’une césure historique. Dans la salle de classe, c’est tout juste si on retrouve le portrait de Mussolini accroché au mur. C’est l’idée que soulignent les critiques de l’époque. Pour Jean-Louis Bory : « L’histoire, que la mémoire fellinienne ne peut ni ne veut ignorer, s’écarte de tout réalisme historique (comme elle s’en éloignait dans le Satyricon), pour devenir cette confidence vivante mais sarcastique et désabusée » (« La grotte aux trésors de Federico le Grand », in Le Nouvel Observateur, n°495). 

La représentation du fascisme évoque, pour Fellini, le comportement grégaire de la nation, de l’époque de Mussolini jusqu’aux années 1970 : « Nous avons tendance à rester d’éternelles enfants, à nous décharger de nos responsabilités sur les autres, à vivre avec la confortable sensation qu’il y a quelqu’un qui pense pour nous ; tantôt c’est la mamma, tantôt le père, tantôt le maire, tantôt le Duce, ou la madone, l’évêque, en somme toujours les autres » (Cf. Federico Fellini, in Positif, n°158). C’est cet « autre », qui éclate au grand jour lors du cérémonial fasciste ou du passage du Rex, que dénonce la rhétorique fellinienne, en mettant en valeur la dimension individuelle – les frasques de Titta – face au conformisme collectif, placée sous l'autorité ecclésiale, parentale et politique.

Aurélien Portelli, Il était une fois le cinéma

 

Projeté dans le cadre de

Du 20 Décembre 2017 au 9 Janvier 2018
Le Magicien
Du 11 Décembre 2024 au 16 Janvier 2025
Rétrospective: Du 11 décembre 2024 au 16 janvier 2025