Génocide du Rwanda, des tueurs parmi nous (débat)
Alain Gauthier et sa femme, une Rwandaise tutsi, ont entrepris une tâche digne de ce que Serge et Beate Klarsfeld ont accompli il y a une quarantaine d’années dans leur traque des criminels nazis. Poursuivre sans relâche les génocidaires hutus dont beaucoup vivent en toute impunité, voilà le combat de leur vie. Alain Gauthier et sa femme se battent aujourd’hui pour que la justice passe contre ces militaires, hommes politiques et hauts fonctionnaires plus ou moins proches du régime d’Habyarimana mais dont l’implication dans le génocide ne fait pour eux plus aucun doute. Des dizaines de plaintes ont été déposées mais très peu aboutissent du fait d’un manque volonté politique évident au plus haut niveau. Bien documenté, ce film retrace aussi de manière saisissante le terrible engrenage génocidaire au Rwanda depuis 1990 jusqu’à l’attentat du 6 avril 1994 qui déclencha les premiers massacres.
Cette investigation rigoureuse couplée à un montage efficace illustrent de manière saisissante la détermination d’un couple face à une machine de mort sans précédent.
Débat après le film:
LA TRAQUE DES CRIMINELS DE GUERRE: QUE FONT LES ETATS ?
Co-présenté par Trial, la délégation Genève Ville Solidaire
La lutte contre l'impunité des criminels de guerre n'est pas que l'affaire de la Cour pénale internationale. Il est aussi de la responsabilité des Etats, au nom de la compétence universelle, d'arrêter et de juger les bourreaux qui piétinent leur sol.
Pourtant, nombre d'entre eux sillonnent ou s'installent sur le continent européen sans être inquiétés par la justice. En Angleterre, aux Pays-Bas, en France et en Belgique, des centaines de Rwandais, d'Irakiens, de Sri Lankais ou encore d'Afghans sont soupçonnés de crimes de guerre. En Suisse, le flou règne. Il n'existe pas de statistiques sur le nombre de personnes suspectées de crimes internationaux qui ont pénétré sur le territoire.
Le 1er janvier 2011, une nouvelle loi est entrée en vigueur en Suisse, qui permet enfin de poursuivre efficacement les auteurs présumés de ces crimes atroces. La société civile s'active elle aussi pour faire reculer l'impunité. C'est ainsi que Khaled Nezzar, ancien ministre algérien de la défense, est poursuivi pour crimes de guerre suite à une plainte de l'ONG TRIAL en octobre 2011.
En février 2011, l'ancien président américain George W. Bush préférait annuler sa visite à Genève devant la menace de dépôt de plaintes pénales par des victimes de torture.
Ces avancées, incontestables sur le plan de la justice internationale soulèvent pourtant des questions incontournables : quel réel impact un procès «hors-sol», mené par des magistrats forts éloignés géographiquement et culturellement du lieu des crimes, peut-il avoir sur les populations concernées? Comment mener une enquête à l'autre bout du monde? Comment contourner le blocage des autorités locales? Comment faire sortir les témoins de leur pays, comment les protéger?
Carole Vann
Intervenants: Brody Reed | Grant Philip | Roux Francois | Salerno Sandrine | Sergent Francois