La Rivière d'argent
Sur le point d'être rejoint par les soldats sudistes qui le poursuivent, le capitaine nordiste Mike McComb prend la lourde décision de détruire l'argent qu'il transporte. Un million de dollars part ainsi en fumée. Cette action discutable lui vaut de passer en cour martiale. Condamné, il est dégradé et chassé de l'armée. Revenu à la vie civile, Mike s'installe penaudement à Silver City, où il finit par ouvrir une maison de jeu. La fortune frappe bientôt à sa porte. Grâce à quelques malversations, McComb parvient à amasser un beau magot. Il n'hésite pas à mettre la vie de son associé en danger lorsque la perspective d'un gain nouveau apparaît...
La Rivière d’argent (Silver River, 1948) marque la fin de la collaboration entre Raoul Walsh et Errol Flynn, qui tournèrent ensemble sept films d’aventures, tous admirables. Cet adieu a des accents tragiques et atypiques pour les deux hommes, puisque La Rivière d’argent dresse le portrait d’un antihéros cynique et arriviste. Mike McComb, chassé de l’armée pour avoir brûlé un million de dollars qui risquait de tomber entre les mains des troupes sudistes, décide de n’obéir qu’à ses propres règles et devient un homme d’affaires sans scrupule. Il fait fortune dans le jeu, puis dans la banque, épouse la femme d’un rival qu’il avait conduit à la mort, mais son ambition sans limites finira par rencontrer des obstacles : les pièges que lui tendent des adversaires plus malhonnêtes que lui, et la campagne de dénigrement menée par son ancien avocat reconverti dans la politique. La Rivière d’argent est moins un western au sens strict qu’un conte moral sur le capitalisme sauvage. Le film aborde les effets pervers et les limites de l’individualisme et du carriérisme encouragés par le système américain. En effet, chez Walsh tous les coups ne sont pas permis, et l’action s’accompagne toujours de la réflexion. Le personnage principal expérimente les limites de sa misanthropie et de sa cupidité pour finalement transcender son mépris pour la société et comprendre l’importance de ses responsabilités morales devant la communauté. La dimension politique du film n’occulte pas le lyrisme et l’énergie habituels de Walsh. Quant à l’exceptionnel pouvoir de séduction de Flynn, malgré un vieillissement prématuré du à ses excès de boisson, il accentue la complexité de son personnage. (...)