Delta
(...) Le jeune réalisateur hongrois Kornel Mundruczo, 33 ans, cueille son monde, et ce Delta-là (...) n’a rien d’écrasant, plutôt la beauté pure et brute d’un récit biblique, frère et soeur à la recherche de leur paradis perdu, entourés de tortues et de grenouilles flottant près du rivage tandis que l’orage se déchaîne. Mundruczó manie ses ambiguités comme autant de reflets dans l’eau: beau Danube bleu qui gronde de colère, inceste en plus vertueux des amours, dans un no man’s land qui tient la société à distance, à peine un ponton de bois et une barrière végétale comme seul rempart. (...) Delta, fable hypnotique à fleur de peau, permet la révélation magnifique d’un cinéaste encore méconnu, qui peint avec autant d’inspiration une procession funéraire fluviale, d’une puissance incroyable, qu’une trace désolée qui dérive lentement, lorsque le tumulte s’est éteint.
Nicolas Bardot, Film de culte