Mickey One
Se sentant en danger, un comédien de Detroit s'enfuit pour Chicago où il tente de commencer une nouvelle vie…
Première collaboration entre Warren Beatty et Arthur Penn, deux ans avant le célébrissime Bonnie and Clyde, le film fut boudé par le public américain à sa sortie, avant de devenir peu à peu une de ces raretés cultes guettées par les cinéphiles. Tel un puzzle dont on n’obtiendra jamais toutes les pièces, cette traque est un faux polar, un film noir intérieur, entre lutte pour survivre et paranoïa. Baigné par le saxo de Stan Getz et le chatoiement d’un somptueux noir et blanc, Mickey One évoque toutes les peurs à travers son fébrile héros : celles de la société américaine d’alors, entre post-maccarthysme et menace atomique, celle de tout humain confronté à la certitude de sa propre disparition. Dès lors, l’intrigue criminelle importe peu, volontairement parcellaire, tracée en pointillé au gré d’une mise en scène élégante et fluide, peu à peu gagnée par une fascinante étrangeté. Au centre de ce labyrinthe d’images, Warren Beatty se cherche et se perd avec talent.
Cécile Mury, Télérama