The Raid
Au cœur des quartiers pauvres de Jakarta, se trouve une citadelle imprenable dans laquelle se cache le plus dangereux trafiquant du pays. Une équipe de policiers d’élite est envoyée donner l’assaut lors d’un raid secret mené aux premières lueurs du jour. Mais grâce à ses indics, le baron de la drogue est déjà au courant et a eu amplement le temps de se préparer. A l’instant où le groupe d’intervention pénètre dans l’immeuble, le piège se referme : les portes sont condamnées, l’électricité est coupée et une armée d’hommes surentrainés débarque. Piégés dans cet immeuble étouffant, les policiers vont devoir se battre étage après étage pour avoir une chance de survivre.
Au coeur des quartiers pauvres de Jakarta, se trouve une citadelle imprenable dans laquelle se cache le plus dangereux trafiquant du pays. Une équipe de policiers d’élite est envoyée donner l’assaut lors d’un raid secret mené aux premières lueurs du jour…
C’est le coup de coeur de la semaine : d’abord parce qu’il n’est pas courant de voir un film indonésien sortir sur nos écrans ; ensuite parce que The Raid, malgré son statut de film d’action en apparence réservé à un public de geeks dont le cerveau aurait fermenté un peu trop longtemps dans un bain de bière et de jeux vidéo, demeure un petit sommet de mise en scène qui dépasse bien des modèles du genre.
Le scénario, on s’en doute, est plutôt expéditif : dans un faubourg pauvre de Djakarta, un groupe de policiers d’élite investit un immeuble dans lequel vit reclus – parmi une sympathique armée de locataires armés jusqu’au coup – le plus redoutable trafiquant du pays. Sans autre but que de déloger le méchant dans sa tanière, les miliciens affrontent une horde de locaux récalcitrants pour tenter de gagner le sommet de l’immeuble.
Avec ce programme très minimaliste, Gareth Evans, réalisateur écossais installé en Indonésie, s’offre un pur exercice de style dans lequel les fights se succèdent comme autant de niveaux à franchir (selon une euphorie de la répétition empruntée au jeu vidéo), le danger s’amplifiant à mesure qu’on se rapproche de l’antre du boss final.
Le film surprend d’abord par l’atmosphère bucolique de ses décors et l’extrême raffinement psychologique avec lequel sont traités les personnages. En l’occurrence : une suite de couloirs lugubres et de pièces rongés par l’humidité tropicale dans lesquels s’ébrouent, avec force machettes, gourdins cloutés et mitrailleuses trafiquées, tout un bestiaire d’ennemis qui n’ont pas des gueules de porte-bonheur.
Il faut tenter l’expérience The Raid pour deux raisons. D’abord parce qu’ils ne sont pas si nombreux, les films de genre avec une telle ambition de simplicité, qui parviennent à tenir la distance sans jamais faiblir ou paraître de simples courts-métrages gonflés de manière artificielle.
On se souvient d’un cas similaire, Versus de Ryuhei Kitamura (2000) qui, malgré un buzz terrible, se révélait assez ennuyeux au bout de quelques dizaines de minutes. The Raid regagne au contraire en souffle à mesure que les combats s’intensifient, emporté par un rythme techno et un état de transe quasiment hypnotiques.
L’autre raison de voir le film tient à l’occasion qu’il nous offre de nous venger de quelques vieux traumas cinéphiles. Le premier remonte à loin, il s’agit d’une sordide comédie de Djamel Bensallah qui s’intitulait aussi Le Raid (2002). De ce nanar inouï de vulgarité avec Lorant Deutsch émanait une bêtise si abrutissante que toute la violence et toute la brutalité du film de Gareth Evans – en plus d’effacer à jamais ce titre de notre mémoire – sembleront presque douces en comparaison.
Autre trauma : un film français aussi mais plus récent, intitulé La Horde (signé Yannick Dahan), dont le scénario était très proche du film de Gareth Evans : on y voyait quelques bougres acharnés à survivre dans un immeuble infesté de zombies. Inutile de dire que malgré des enjeux similaires, The Raid explose La Horde sur toute la ligne, et rappelle combien le manque de simplicité des tentatives de films d’action réalisés en France est désespérant. La nullité de la réalisation et la volonté d’en faire trop chez Dahan (ironie, satire sociale, bêtise ambiante) trouve en The Raid un antidote saisissant, tant Evans se contente, malgré une réelle virtuosité cinétique, à aller toujours droit au but sans s’embarrasser du moindre surmoi d’auteur.
Voilà bien deux raisons pour courir découvrir ce petit film d’action gonflé à l’adrénaline. Ludique et frénétique, The Raid (…) est un objet fort sympathique qui redonne goût et foi dans un cinéma de genre entièrement régi par des ambitions de plaisir et d’efficacité.
Vincent Malausa, Les Cahiers du Cinéma