Printemps précoce
Shoji Sugiyama, jeune employé d’une fabrique de briques, a une affaire avec «Poisson rouge», une secrétaire qui fait partie de son groupe d’amis. Il se sépare d’avec sa femme Masako et accepte un transfert à Mitsuishi, un poste éloigné…
Entre Voyage à Tokyo et Soshun, Ozu est resté trois ans sans signer un film. Il a en revanche aidé son amie l’actrice Kinuo Tanaka (actrice chez Ozu, Mizoguchi, Kinoshita puis Naruse) à faire le sien. Ozu était connu pour aider ainsi ses proches. Quand il s’est remis à la tache, le genre Ofuna-cho, le drame domestique, qui avait fait son succès, n’était, paraît il, plus en vogue. Les producteurs n’étaient donc pas très chauds pour que le cinéaste continuât dans cette voie.
Ozu tint bon en arguant que l’attachement à une tradition comme le Ofuna-cho ne pouvait avoir disparu aussi vite. Il fit de très légères concessions en embauchant des jeunes acteurs populaires. S’il a du laisser de côté un de ses thèmes préférés, les relations entre les générations, il a su décrire la désilusion rampante d’un salarié qui n’arrive pas à réussir malgré ses espoirs et ses diplômes. Il le fait en usant d’ellipses particulièrement audacieuses et fortes.
Dans l’hebdomadaire The New Yorker, Richard Brody écrivit que « le regard désespéré d’Ozu se porte avec la même dureté sur la modernisation du pays que sur sa tradition décadente. »