MATAR A JESÚS
Lorsque son père, professeur d’université et activiste, est tué sous ses yeux à Medellin, la jeune Lita voit le visage du tueur. Devant l’inefficacité de la police, elle décide de prendre les choses en main. Laura Mora nous emporte dans un thriller semi-autobiographique, brillant et haletant, hanté par le besoin de justice d’un pays gangrené pendant tant d’années par une violence aveugle.
Laura Mora Ortega parvient à élever cette histoire en nous proposant une œuvre puissante en hommage à son père. La co-réalisatrice (avec Carlos Moreno) de la mini-série colombienne qui retrace les exploits de Pablo Escobar (Pablo Escobar: El Patron del Mal) décide de raconter une histoire violente et très personnelle, qui, malgré quelques maladresses de mise en scène, touche par sa sincérité et impressionne par son audace (thématique et esthétique). Car, une fois mis de côté certains moments d’agacements ressentis devant une prise de vue "sur le vif" très mouvementée et parfois fatigante pour les nerfs et les yeux (un style aujourd’hui malheureusement adopté avec excès), l’immersion dans les rues sombres de Medellin et dans la frénésie de ses quartiers est totale. Ce drame emporte aussi grâce à la justesse de ses acteurs non professionnels (choisis dans les rues de Medellin) et au regard personnel qu’il pose sur le thème de la violence et de ses extrêmes.
Jeanne Rohner, Clap.ch