Canyon Passage
L’affairiste aventurier Logan Stuart est déchiré entre deux femmes très différentes dans l’Oregon de 1856. S’ajoute à cette complication une amitié controversée avec un banquier joueur qui un soir dépasse les limites…
Premier western, premier film en couleurs de Jacques Tourneur et aussi l’un des plus gros budgets dont il a bénéficié. Il en a profité pour réaliser un western étonnant et qui paraît aujourd’hui résolument moderne, en tout cas d’une belle ambigüité, un western qui n’obéit plus aux règles alors en vigueur dans le genre. Ce film, qui est assurément l’un des meilleurs de son réalisateur, suit une intrigue sinueuse avec des personnages qui sont sujets eux même à des zigzags dans leur humeur et dans leurs choix… Tous les protagonistes vivent aussi dans la peur, peur des Indiens, peur de leurs propres faiblesses… Après Canyon Passage, le héros de l’Ouest ne sera plus jamais aussi bon, le mauvais plus jamais totalement abominable et le western (qu’il soit signé ensuite par Raoul Walsh, Howard Hawks, Sam Fuller ou surtout Anthony Mann) cessera d’être manichéen. Pour devenir romanesque.
Edouard Waintrop