Une idée folle

De Judith Grumbach
France - 2017 - vost - 80' - Numérique
Synopsis

Tourné dans neuf établissements scolaires - publics et privés, de la maternelle au collège, aux quatre coins de la France - Une Idée Folle pose la question du rôle de l’école au XXIème siècle, à travers le témoignage d’enseignants, d’enfants, de parents ainsi que d’experts de l’éducation. À quels défis les citoyens de demain vont-ils devoir faire face et comment les y préparer ? En cultivant l’empathie, la créativité, la coopération, la prise d’initiative ou encore la confiance en soi et l’esprit critique chez les élèves, en parallèle des savoirs fondamentaux, les enseignants de ces écoles font un rêve fou : celui de former une future génération de citoyens épanouis et responsables qui auront à cœur de transformer positivement la société qui les entoure.

Critique

A quoi sert l’école ? A éduquer ou à instruire ? En France, on a tranché : la transmission des connaissances reste cardinale, et la formation de la personnalité est laissée aux hasards du milieu familial et des expériences de vie. Le plus souvent… mais dans les écoles filmées par Judith Grumbach, il souffle un air nouveau, et le soleil semble briller plus haut. Les élèves apprennent l’écoute, l’empathie, la prise d’initiative, la coopération… tout le bagage humaniste des citoyens de demain. La jeune femme a pris conscience que "l’éducation est le levier le plus efficace pour transformer la société dans laquelle on vit". (...)

Expérimenter, plutôt que de théoriser. Les neuf écoles sont situées aux quatre coins de la France, en ville ou à la campagne, dans le privé comme dans le public. Traduisez : leurs réussites peuvent être dupliquées, y compris dans les quartiers difficiles, comme le montrent les images tournées au collège Clisthène, à Bordeaux.

Dans ces établissements, le rapport à l’organisation du temps et de l’espace est très différent. Le professeur n’est pas le détenteur du savoir, mais un "organisateur" qui régule le groupe. On y voit des enfants développer des questionnements scientifiques, initier des collectes solidaires, réfléchir sur de graves questions, comme "Peut-on rire de tout ?", s’employer comme médiateurs pour régler des disputes entre copains, gérer des projets, comme ce poulailler qu’ils ont monté (presque) seuls, travailler avec des retraités du village invités dans leur classe, participer à la conception de leur école, s’entraider, s’écouter, apprivoiser leurs émotions… autant d’apprentissages auxquels les adultes accordent autant d’importance que celui de la lecture et des tables de multiplication. Isabelle Peloux, directrice de l’école privée du Colibri (Drôme), explique : "Il faut leur apprendre à être bien avec eux-mêmes, de façon à donner le meilleur de ce qu’ils peuvent être, et il faut leur apprendre à faire avec l’autre. Et ce n’est pas l’un ou l’autre, c’est les deux en même temps."

La réalisatrice, venue de la photo et de l’économie sociale et solidaire, signe là son premier documentaire. Le tournage s’est fait sans peine. "Dans toutes ces écoles, j’ai été surprise par le degré d’autonomie des enfants, leur capacité à prendre la parole en public", s’exclame-t-elle. (...)  Les images sont belles, les enfants filmés avec délicatesse, et leurs mots font mouche, comme cette petite fille blonde à qui on demande à quoi sert l’école : "L’école, ça sert à... s’entraider et... à s’aimer", lâche-t-elle en cherchant le mot. La parole des maîtres, en écho, dessine la nouveauté de cette pédagogie appuyée sur la curiosité naturelle de l’enfant, sa motivation, son engagement, et qui se met "en capacité d’accompagner chacun tel qu’il est", dit Jérôme Saltet.  (...) 

Caroline Brizard, Le Nouvel Obs

Projeté dans le cadre de

21 Juin 2017
Une idée folle