Calamari Union
Une bande de copains, dont l'un s'appelle Pekka et tous les autres Frank, vit dans une banlieue sinistre d'Helsinki. Ensemble, ils se lancent dans la traversée de la capitale pour atteindre la mer et un hypothétique coin de paradis nommé Eira. Mais la route est semée d'embûches : vieilles dames aux coudes pointus, chiens gros comme des vaches, coiffeurs, cuisiniers, sans oublier la faim et le froid...
Après avoir transposé Dostoïevski en Finlande pour son premier long métrage (Crime et châtiment), Aki Kaurismaki a, de son propre aveu, fait le grand écart avec ce curieux mais attachant pastiche de polar américain, tourné dans « une improvisation presque totale ». À Helsinki, quatorze petites frappes (tous s'appellent Frank sauf un, parce qu'il est le seul à parler anglais) décident de quitter leur quartier misérable pour rejoindre la banlieue bourgeoise ; tous, ou presque, mourront en route, ou se marieront, « ce qui, Kaurismaki dixit, est presque la même chose ».
Calamari Union est, selon son réalisateur, « un film underground avec beaucoup de rock'n'roll, de belles phrases et de mauvais gags ». Le rock est assuré par les vedettes de la scène finnoise. Les « belles phrases » sont piquées à Baudelaire, Michaux et Prévert, auxquels le film est dédié. Et les « gags », certes inégaux, ne sont pas si « mauvais », à condition de goûter l'humour noir avec absurde en option. Entre deux trous d'air du récit, on aime beaucoup la scène d'analyse où le psy conseille à son patient d'aller se suicider...
Samuel Douhaire, Télérama