Ca Commence aujourd'hui
Daniel Lefebvre est instituteur et directeur d’une école maternelle implantée dans un quartier défavorisé d’une petite ville du nord de la France. Tout en pratiquant avec passion son métier, il découvre peu à peu autour de lui une misère effroyable, dont les enfants sont les premières victimes...
(…) L’émotion ressentie tient en partie au double niveau de la réalité et de l’art. Dominique Sampierro étant instituteur et poète, Tavernier a travaillé le scénario en juxtaposant à la réalité (par exemple, celle d’une mère alcoolique qui s’écroule dans la cour d’école), une poésie qui prend plus de place qu’elle n’en a jamais eu dans aucun de ses films: les mots superbes de Sampierro, déclamés par Torreton sur des plans en scope de la campagne paisible. Mais cette poésie rurale n’est pas là simplement pour permettre au spectateur de souffler entre les scènes douloureuses. «Je trouve intéressant de mettre l’art en avant, comme une sorte de résistance; que cet art s’appelle la sculpture, que pratique Valéria, ou que ce soit de la poésie que l’on couche sur un cahier. Cahier que Dominique Sampierro appelle d’ailleurs son cahier de résistance!»
Juliette Ruer, Voir (Canada)
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Ça commence aujourd’hui présente des thèmes très visibles comme la pauvreté, le chômage, l’exclusion sociale, la précarité, les effets de la désindustrialisation. D’autres en revanche sont moins apparents comme le rapport (ou l’absence de rapport) entre les générations, les problèmes de la transmission, la difficulté à construire un avenir Tous ces thèmes et la manière de les traiter vont sans doute, par leur force, par leur actualité, susciter de vives réactions, parfois contradictoires.
Extrait du dossier pédagogique, Les Grignoux (Belgique)
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Ça commence aujourd’hui est ancré de manière crûment réaliste, et comme peu de films français le sont, dans les marges d’une société émiettée. Mais c’est la ténacité sans emphase de son héros qui illumine le film de Tavernier. Il y a cet homme, Daniel, qui côtoie sans cesse les gouffres de l’intolérable mais qui ne lâche pas prise. Remporte de minuscules victoires, souffre de défaites qui le laissent sans ressort. Puis se relance (...), malgré tout. Et là, il y a Philippe Torreton, acteur plus qu’inspiré, magistrale incarnation d’une éthique en marche. Concentré de conviction, d’énergie et de générosité où se mesure, finalement, la parfaite osmose entre un interprète et son metteur en scène. Dans le sillage de Daniel/Torreton, Bertrand Tavernier reste constamment de plain-pied avec le monde qu’il filme, à la fois pudique - il tient le sensationnel misérabiliste hors champ - et obstiné - il ne cède sur rien de ce qui, on le devine, l’a ému, choqué, étonné, fait bouillir quand il a décidé de se lancer dans l’aventure. Avec ce film « de terrain », le cinéaste débusque des « problèmes » mais réussit surtout à mettre en valeur les élans et les sursauts qu’ils déclenchent.
Jean-Claude Loiseau, Télérama (France)