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Cronenberg revient, ici, à son genre d'origine, le fantastique, dont il revisite les codes, non sans malice et avec un gé-nie poétique intact en matière d'effets spéciaux. Ils sont peu nombreux, très simples, mais quelle force expressive ! A côté du pod, aussi attachant qu'un animal domestique, on compte quelques cas de mutants amphibies et une mignonne petite chose rose translucide qui fait office de téléphone. Mais le clou (c'est le cas de le dire) du film reste le gristle gun : un pistolet constitué d'os et de tendons, et qui utilise des dents humaines comme projectiles ! Un raccourci parfait du cinéma de Cronenberg, mêlant toujours le primitif et le moderne. On découvrira qu'Allegra n'est pas seulement la conceptrice du jeu mais qu'elle en est accro, qu'elle a besoin de sa dose de virtuel. Sinon, elle ne vit plus... Cette fable intelligente, qui se garde bien de tout jugement, suggère que ce phénomène de dépendance est peut-être le propre de la condition humaine. « Je me fais tout un film, donc je suis », ce pourrait être la thèse souterraine de ce parcours éminemment ludique et inventif, visionnaire sans être prétentieux.

Jacques Morice, Télérama