Le Amiche

(...) Femmes entre elles apportait un style cinématographique tout à fait nouveau, prélude à « L'awentura » qui devait provoquer une belle bataille, au festival de Cannes 1960. Chez Antonlonl, Il n'y avait pas de références psychologiques. L'analyse des sentiments passait, essentiellement, par l'étude des comportements filmés à distance, avec une sorte de détachement. La mise en scène, dont les Images admirablement composées en noir et blanc ont quelque chose de glacé, suit les allées et venues de cinq personnages féminins, en proie - sauf peut-être Clelia qui a un métier - à l'ennui, à la solitude, cherchant à capter un amour difficilement préservé et toujours remis en question. Il y a de la cruauté sous les jeux mondains de Momina, du désespoir chez Rosetta, de la résignation chez Nene, de l'indifférence chez Marielle. La caméra s'élève au-dessus des protagonistes, cadre en longs plans fixes, se déplace lentement et, brusquement, Isole, au hasard de leur marche, un homme, une femme, un couple. Dans la séquence fondamentale de la promenade à la plage, le désir, l'amour, la jalousie, le dépit et la souffrance éclatent sous un ciel gris, au bord de la mer triste. Une scène de passion a lieu au bord d'une route trop fréquentée. Dans le décor misérabiliste d'un bistrot pour snobs, les masques tombent un moment. Incapable de renoncer à sa position sociale pour Carlo, qu'elle n'aime pas vraiment, Clelia trouvera sa propre solution. Les actrices sont belles, remarquablement dirigées. Les acteurs incarnent des hommes faibles, fuyants ou trop autoritaires. Des existences vides chancellent au bord d'un gouffre. Mal de vivre, difficulté sinon impossibilité de communiquer, tout Antonioni est déjà là.