Almost Famous
Dans les années 70, William Miller, un adolescent de quinze ans, ne vit que pour la musique rock. Ce qu'il souhaite le plus au monde, c'est écrire des articles sur cette musique qu'il aime tant.
Il envoie un essai au magazine Rolling Stone dans l'espoir de devenir journaliste. Son talent n'est pas passé inaperçu : on est prêt à l'envoyer suivre le groupe Stillwater en tournée afin qu'il fasse un reportage sur eux.
Le rêve devient réalité ; malgré les objections d'Elaine, sa mère, William s'engage dans cette folle aventure.
Il n'est toutefois pas facile de gagner la confiance des musiciens, surtout lorsqu'on est journaliste. William prouve rapidement aux membres de Stillwater qu'il est avant tout un admirateur inconditionnel de leur musique. Au cours de leur tournée, il abandonne peu à peu la passivité de son rôle d'observateur pour participer à la vie du groupe...
1973. William Miller, 15 ans, l'oeil timide et rêveur, est un gosse presque comme les autres. Il a une frange épaisse, des T-shirts étriqués et tous les disques de Led Zeppelin, Black Sabbath, les Who, les Doors, Lou Reed... Car le premier, le grand amour de William, ce sont ces quelques grammes de vinyle magique et les chroniques qu'il rédige, en petit Mozart de la critique rock, pour son canard lycéen. Puis pour Creem, un magazine spécialisé. Puis... pour Rolling Stone, qui l'envoie presque miraculeusement, et sans connaître son âge, suivre la tournée de Stillwater, un groupe métallique et chevelu en pleine ascension. Avec Presque célèbre, Cameron Crowe (Singles, Jerry Maguire) fait plus que fouiller dans le rayon des accessoires de la nostalgie seventies : il n'y manque rien, des cols moumoute aux chemises brodées, jusqu'aux vapeurs de hasch et à la lumière un peu rousse des photos d'époque, sans parler d'une BO très soignée. Mais si cette chronique, délicieusement interprétée (Frances McDormand en mère poule rigide et intello, Kate Hudson en groupie-libellule gouailleuse et fragile), est bien plus qu'une savante reconstitution, c'est que le cinéaste en fait une affaire personnelle. A travers l'initiation de William au milieu du show-biz, à l'amour, au statut d'adulte, aux relations complexes et ambiguës qui unissent journalistes et musiciens, c'est sa propre histoire de critique précoce et passionné qu'il raconte, avec une tendresse mélancolique et une forme subtile d'humilité. Car le personnage de William (Patrick Fugit, un débutant très attachant) n'est au fond que prétexte à une vibrante et lucide déclaration d'amour aux derniers feux de la grande époque du rock.
Cécile Mury, Télérama