As Tears Go By
Wah, petit gangster de Hong Kong, a sous sa protection Fly, une tête brûlée. Amoureux de sa fragile cousine Ngor, il pense trouver le bonheur avec elle sur l'île de Lantau, avant d'être rappelé à la réalité de la ville.
"Après des années de travail à la télévision, Wong Kar-wai a la possibilité, en 1988, de tourner son premier film au cinéma. Il propose As Tears Go By, un scénario qui s’inspire de la trame de Mean Streets de Martin Scorsese, et dans la veine des films de gangsters remis à la mode par John Woo deux ans auparavant, avec le succès du premier Syndicat du crime. Wong emprunte au premier le réalisme crasseux et le rapport de protection entre le héros et son acolyte ; au second, la violence inouïe, la relation quasi amoureuse entre les deux hommes. On peut voir dans ce film le style embryonnaire de Wong Kar-wai. Des plans qui reviendront par la suite : comme celui où Wah choisit un disque au jukebox. Take my Breath Away, repris en cantonnais, se répète alors tout au long de la séquence, comme un prélude à son utilisation obsessionnelle de certaines chansons. De même, les scènes dans un ralenti impressionniste qui atteindra sa perfection dans l’ouverture de Chungking Express, ou le magnifique fondu au blanc lors du premier baiser entre Wah et Ngor. C’est aussi dans ce film qu’il fait tourner pour la première fois Maggie Cheung et la révèle dans sa fragilité, loin des rôles superficiels de girl next door des comédies qu’elle enchaînait alors. À l’image de son actrice, le film est comme une chrysalide, un entre-deux stylistique, traversé de fulgurances annonciatrices du « style Wong Kar-wai » en devenir."
-Wafa Ghermani, La Cinémathèque française