Vers un pays inconnu

De Mahdi Fleifel
Royaume-Uni, Allemagne, France, Grèce, Pays-bas, Palestine - 2024 - vost - 106' - Couleurs - Numérique
Synopsis

Chatila et Reda sont deux cousins palestiniens réfugiés à Athènes. Ensemble, ils multiplient les combines pour rassembler une importante somme qui leur permettra d'acquérir de faux passeports, sésame vers l’Allemagne où ils rêvent de pouvoir enfin construire leur vie. Mais cette quête les pousse à franchir leurs limites, laissant derrière eux une part d’eux-mêmes dans l’espoir d’un avenir meilleur.

Critique

"Le récit de Vers un pays inconnu semble suivre, comme règle pour l’écriture et pour la mise en scène, le mouvement de la citation d’Edward Saïd sur laquelle il s’ouvre : «Le destin des Palestiniens est de ne pas finir là d’où ils viennent, mais dans un endroit inattendu et lointain.» Ses personnages, les cousins Chatila et Reda, sont deux jeunes hommes palestiniens du Liban exilés à Athènes, et qui cherchent à rejoindre l’Allemagne pour reconstruire leur vie : les quelques jours qu’on passe à leurs côtés sont de l’ordre, sinon de l’aventure, du moins de la péripétie pure, où les choses bifurquent sans cesse, tournent mal, reprennent, se barrent ailleurs.

Le cinéaste d’origine palestinienne Mahdi Fleifel – qui a grandi à Dubaï et dans un camp de réfugiés au Liban, et vit depuis longtemps au Danemark – construit ce premier long métrage de fiction (après des documentaires) comme un film de duo, jouant du contraste entre le sérieux et colérique Chatila (Mahmood Bakri) et le plus volatil et rêveur Reda (Aram Sabbah), addict à l’héro et travailleur du sexe occasionnel – le film n’en profite pas pour débiter des clichés. Finalement, c’est le plus responsable des deux qui se montrera irresponsable, entraînant son cousin dans des plans de plus en plus galère pour réunir l’argent de leur départ vers l’Ouest. Si le film s’enferre comme ses héros dans cette voie un peu du thriller, il garde certaines qualités en tant qu’études de personnages. Il les suit dans les rues et les bus, de son 16mm caressant, sans cesser de poser la question de la destination des Palestiniens."
-Luc Chessel, Libération