Say God Bye

De Thomas Imbach
Suisse - 2024 - vofr - 120' - Couleurs - Numérique
Synopsis
  • Séance spéciale jeudi 14 novembre à 20H00 en présence du réalisateur Thomas Imbach !

L'histoire de la transformation d'un adolescent en cinéaste, sous le charme du cinéaste qui vit et travaille sur les bords du lac Léman depuis 1977 : Jean-Luc Godard. C'est aussi l'histoire d'un thème universel, l'amour. C'est l'histoire d'un homme qui trouve enfin le courage d'aller voir son idole, de lui parler face à face de son amour de toujours et de lui dire «Merci, JLG».

Critique

"Say God Bye de Thomas Imbach, projeté en première mondiale au 57e Festival de Karlovy Vary dans la section Proxima, rend hommage à celui qui est considéré par beaucoup comme le "dieu du cinéma". Et pourtant, derrière cette première intention, le film s’ouvre à de nombreuses réflexions non seulement sur la carrière d’Imbach lui-même, mais aussi sur sa vie et sur ce que le cinéma représente pour lui. Jean-Luc Godard devient un axe autour duquel gravitent plusieurs histoires parallèles : celle des parents d’Imbach, aventuriers et libres, mais aussi celles, fragmentées, des gens qu’il rencontre en chemin, sans oublier l’aventure en soi que le voyage entrepris constitue, la manière dont cela joue sur les dynamiques au sein de l’équipe de tournage et surtout la manière dont le cinéma influe sur notre perception du monde.

Concrètement, ce qu'Imbach se propose de faire est un pèlerinage en l'honneur de son mentor désormais âgé, un pèlerinage qui commence à Zurich (où il vit) pour se conclure à Rolle, la ville suisse où Godard réside depuis de longues années. Son désir profond est de convaincre le maestro de tourner avec lui, un rêve qui semble impossible à réaliser, quoiqu'on sache aussi très bien qu'avec Godard, tout est possible.

Say God Bye se transforme alors en un véritable road movie dont le rythme est scandé par les différentes étapes du voyage, documentées comme dans un carnet de voyage à travers des images tournées sur iPhone et en 35 mm. Comme dans une sorte de chemin de croix parodique, Imbach ne cache rien des difficultés rencontrées en chemin, des inévitables ampoules aux pieds au mal de dos causé par le lourd baluchon, qui contient principalement du matériel pour le film, douleur qu’il cherche à apaiser grâce aux conseils de son ingé son David Charap, alias Sancho Pança, transformé pour l’occasion en patient coach de fitness.

L’histoire actuelle du voyage et les images recueillies montrant une Suisse tranquille et luxuriante se mêlent à celles de sa vie passée et à des extraits de ses films qui dialoguent à leur tour avec des fragments de films de Godard et des phrases qui se transforment en manifestes. Le tout cohabite de manière étonnamment harmonieuse à travers des rappels visuels et sonores, ainsi qu'une nécessaire dose d’humour qui met la gravité du pèlerinage en perspective.

Say God Bye est une véritable réflexion sur le cinéma, sur le besoin de saisir à travers des images un réel fatalement insaisissable, éphémère et malléable à l'infini. Les perles de sagesse de Godard ne sont cependant pas les seuls éléments qui nous guident dans toute cette réflexion : on entend aussi les témoignages anonymes des personnes que le réalisateur rencontre en chemin, du passionné de drones aux mordus d'observation des oiseaux en passant par les réalisateurs en herbe, comme celui qui expose, presque ému, les avantages du Gimbal. On voudrait tous pouvoir saisir un morceau de réel mais comme dirait Godard, le visible ne suffit pas : "si on ne filme que le visible, on fait un téléfilm".

Quand Imbach arrive enfin devant la porte de son mentor, l'excitation du voyage et les innombrables questions formulées à voix basse semblent s’évanouir d'un coup pour faire place à la réalité d’un vieil homme et à la pudique émotion de quelqu'un qui, peut-être, s'est trop rapproché du soleil."
-Giorgia Del Don, Cineuropa

Projeté dans le cadre de

14 Novembre 2024
jeudi 14 novembre à 20H00 en présence du réalisateur Thomas Imbach !