Feu Feu Feu
C’est le début de l’été, et Juliette, 17 ans, fraîchement diplômée du bac, s’apprête à partir en camp scout. Dans son sac à dos, elle n’oublie pas ses essentiels : un tarot, des pierres, un pendule et son téléphone. Juliette, qui a 50’000 followers sur TikTok et Instagram, se définit comme une sorcière moderne.
Séance unique dans le cadre du Ciné-club de l'UOG, en présence de la réalisatrice Pauline Jeanbourquin !
Juliette, dix-sept ans, vient d'avoir sa maturité. Dans la séquence ouvrant Feu Feu Feu, Pauline Jeanbourquin la filme à l'aube, aux sens propre et figuré, de tous les possibles. Elle veut devenir sage-femme pour commencer. Mais Juliette a aussi hérité, par sa grand-mère, du don de couper le feu. Un « secret » connu… de ses 50’000 followers sur TikTok et Instagram. Intriguant, aussi, les ami·e·s avec lesquel·le·s elle savoure l'été en camp scout, à qui, entre deux baignades, jeux, et fêtes, elle tire les cartes, soulage les coups de soleil ou explique, sans trop en dire, comment elle voit sa pratique de magnétiseuse. À l'instar de cet auditoire amical, qui regarde son héroïne tantôt comme une jeune fille normale partageant avec sa génération les mêmes plaisirs et les angoisses de l'avenir, tantôt comme l'incarnation d'un mystère indéchiffrable, la cinéaste ne tranche pas quand elle la met en scène avec une grande délicatesse, hors du collectif, semblant habiter un ailleurs cosmique. Si Juliette, « Junniverse » sur les réseaux sociaux, se vit comme une sorcière moderne, elle est aussi un très beau personnage de cinéma.
- Emmanuel Chicon, Visions du Réel