No Other Land
Depuis plus de cinq ans, Basel Adra, un activiste palestinien en Cisjordanie, filme l’expulsion de sa communauté par l’occupation israélienne qui détruit progressivement les villages et chasse ses habitants. Il rencontre Yuval, un journaliste israélien, qui le soutient dans ses démarches. Une amitié inattendue voit le jour.
Ce film réalisé par un collectif palestino-israélien de quatre jeunes militants a été réalisé comme un acte de résistance créative sur la voie d’une plus grande justice.
Basel Adra et Yuval Abraham sont ennemis - du moins sur le papier. Ils étaient pourtant réunis en février dernier sur la scène de la Berlinale pour recevoir leurs récompenses (Prix du meilleur documentaire, Prix du public), faire un discours, proclamer leur amitié au monde, leur collaboration possible et tenter d’envoyer ainsi un message d’espoir et de paix. Immédiatement après leurs mots, ils recevaient des menaces de mort. No Other Land, co-réalisé avec Hamdan Ballal et Rachel Szor, est pourtant une démonstration qu’un dialogue est possible. Entre des scènes d’évacuation et de destruction d’une urgence extrême capturées dans le risque au téléphone portable, le film laisse la part belle aux silences, aux regards. Car il n’y a souvent plus rien à dire. La fumée du narguilé envahit l’écran et sublime l’immense intelligence humaine du film. Savoir se taire, partir si l’on peut, quand il le faut, rester humble devant une telle dualité : alors que l’un bouillonne de la colère impérieuse du militantisme, l’autre incarne l’oppression et la lutte depuis des générations.
-Anne Delseth, Visions du réel