Les Filles du feu
- Suivi de IN WATER de Hong Sangsoo (1H01)
Trois jeunes sœurs sont séparées par l’éruption du grand Fogo.
Mais elles chantent.
Un jour on saura pourquoi on vit et pourquoi on souffre…
"Fabriqué à partir des essais menés par Pedro Costa pour son prochain long-métrage, Les Filles du feu prend la forme d’un triptyque né d’une éruption volcanique : à gauche, une première femme avance le long d’un mur de lave ; au centre, une deuxième est allongée sur le flanc du volcan, puis se relève lentement ; à droite, la troisième est cadrée en gros plan, le visage faiblement éclairé par une lueur indécise. Présenté ainsi, le dispositif mis en place par Costa a l’air modeste. Il se révèle pourtant d’un dynamisme et d’une beauté rares qui en font, en dépit de sa durée (huit minutes), l’un des films les plus marquants vus cette année à Cannes. Le regard se balade d’un tableau à l’autre au gré des variations musicales : lors des envolées, il s’oriente vers le mouvement qui anime le plan de gauche ou se concentre, lorsqu’une note est au contraire tenue, vers les variations lumineuses du plan de droite. Comme les voix des « filles du feu », les trois plans témoignent d’une harmonie qui fait de ce film un véritable requiem pictural. Les cadres partagent de surcroît une même gamme chromatique d’une finesse plastique inouïe, entre le noir charbonneux et le rouge ardent, renvoyant au volcan en éruption mais aussi au sang versé durant l’Histoire cap-verdienne.
« Vous oublierez nos visages », chantent en chœur les trois sœurs des Filles du feu. Après ce film incandescent, il sera pourtant bien difficile de les rayer de notre mémoire."
-Corentin Lê, Critikat.com