Colegas
Dans la banlieue madrilène, deux meilleurs amis sont contraints, faute de travail, de se livrer à la prostitution dans un sauna gay.
"Colegas est la seconde incursion directe d'Eloy de la Iglesia dans le cinéma quinqui. (…) S'il cède à l'imagerie et aux passages obligés des films quinquis (violence, drogue, sexe et désespoir), Eloy de la Iglesia ne fait jamais dans la redite et confère à chaque opus une identité propre. Cela passe notamment par les motivations et le milieu social très différent de ces anti-héros juvéniles d'un film à l’autre. Navajeros (1980), le film qui inaugure le cycle avait pour héros un véritable rebus de la société, un quasi orphelin sans code moral dont les méfaits était la seule issue nihiliste pour s'extirper de la misère à laquelle il était promis. Dans El Pico (1983), le héros était au contraire issu de la bourgeoisie et sa fuite en avant était existentielle, le refuge dans la drogue et l'addiction étant pour lui la seule échappatoire à la pression sociale de son milieu nanti. Colegas, réalisé entre ces deux œuvres, constitue également un entre-deux quant au milieu dépeint, la jeunesse d'une certaine classe moyenne espagnole dont le manque d'opportunité va les pousser malgré eux dans l'illégalité. Il n'y a donc ni la politique de la terre brûlée de Navajeros, ni l'autodestruction lente et désespérée de El Pico. Les trois voies endossent d'ailleurs le visage de l'acteur José Luis Manzano (acteur fétiche et amant d’Eloy de la Iglesia) jouant dans ses cinq films quinqui, qui fait preuve d'un talent extraordinaire dans des propositions de jeux et personnages très différents pour une même figure de délinquant."
-Justin Kwedi, DvdClassik