Primadonna
Sicile, 1965. Lia a grandi dans un village rural. Elle est têtue et sait ce qu'elle veut. Lorenzo, fils d'un patron local, tente de la séduire. Lorsqu'elle le rejette, fou de rage, il décide de la prendre de force. Au lieu d'accepter un mariage forcé, Lia le traîne au tribunal. Cet acte va pulvériser les habitudes sociales de son époque et va ouvrir la voie au combat pour les droits des femmes.
Séance suivie d'un échange avec la réalisatrice Marta Savina !
"Dans un premier long métrage moderne et réussi, Marta Savina filme les années 1960 siciliennes où l’honneur fait loi. Et interroge le « mariage réparateur », système qui forçait une femme à épouser son agresseur pour blanchir ce dernier. Lia (sobre et juste Claudia Gusmano), la prima donna du titre (soit le premier rôle à l’opéra, mais aussi littéralement la première femme), 17 ans, dit non à Lorenzo, fils d’un ponte de la mafia locale. Ce dernier débarque alors avec ses petits camarades chez les parents de la jeune femme, l’enlève et la séquestre. Peut-on tolérer un tel archaïsme ? Les frustes ont la loi de leur côté : jusqu’en 1981, le « mariage réparateur » imposait aux Italiennes d’épouser leur agresseur... blanchissant alors ce dernier. (...) La réalisatrice filme une lutte contre les convenances et ses hésitations, un procès épineux, un curé pernicieux et une attaque de coq, mais aussi la mise au ban de toute une famille par un village. Et surtout des instants solaires : un « Je te crois » du père, ou le magnétisme d’une scène sur la plage, la nuit."
- Augustin Pietron, Trois Couleurs