Scialla !

Bien qu’il s’agisse de son tout premier long-métrage en tant que réalisateur, Francesco Bruni n’est pas totalement inconnu du public féru de cinéma transalpin puisqu’il s’est d’abord distingué en tant que scénariste. On lui doit notamment les scripts de La bella vita (Paolo Virzi, 1994), La seconda volta (Mimmo Calopresti, 1995), Je préfère le bruit de la mer (Calopresti, 2000), Napoléon et moi (Virzi, 2006) ou encore La Prima cosa bella (Virzi, 2010).  Autant dire qu’il est pour beaucoup dans le renouveau de la comédie à l’italienne, notamment par sa capacité à mêler des moments désopilants et des notations plus dramatiques au sein de la même scène. Ceux qui ont aimé les œuvres citées précédemment seront donc ravis de retrouver cette petite musique dans son premier essai en tant que metteur en scène. Scialla ! qui pourrait se traduire par Cool fait partie de cette catégorie des feel good movies qui inondent les écrans depuis quelques années. On s’empare donc d’un thème de société et on lui applique un traitement qui mélange gravité des situations et légèreté du ton.

Ici, Francesco Bruni cherche avant tout à aborder le thème de la paternité et des responsabilités qui vont avec. Pour cela, il prend le prétexte d’un homme qui apprend du jour au lendemain qu’il est le père d’un adolescent de 15 ans. Abandonné totalement à lui-même depuis de nombreuses années, le gamin en question est un petit caïd que le père – par ailleurs professeur et écrivain raté – va devoir remettre sur le bon chemin. Toutefois, pas de sermon moralisateur dans Scialla ! puisque le paternel se trouve être un adulescent bordélique, totalement incapable de prendre sa vie en charge. Le défi est donc double : non seulement parvenir à établir le contact avec sa progéniture, mais aussi réformer son propre mode d’existence afin de devenir une référence pour l’ado en recherche d’autorité masculine. Si l’on peut peut-être regretter l’absence assez remarquable de figures féminines, Scialla ! dresse un joli portrait d’une relation père-fils en construction. Le long-métrage doit beaucoup à l’interprétation de Fabrizio Bentivoglio, mais aussi à la forte présence du jeune Filippo Scicchitano qui s’impose dès son premier rôle à l’écran comme une valeur sûre. Souvent drôle, toujours sympathique,  (…) ceux qui veulent passer un agréable moment de détente en auront assurément pour leur argent. Cool, non ?

Virgile Dumez