El Medaillón del Crimen
Un employé d'une entreprise marié et qui n'a jamais fait d'incartade, se met à boire pour le 31 décembre et se met à séduire une femme qui est la compagne d'un dangereux assassin…
Ce film noir se distingue de la plupart des autres productions mexicaines du même genre car il est dénué d’éléments mélodramatiques ou du moindre commentaire social. Il se présente sous la forme d’un conte moral au cours duquel un père de famille timoré et honnête voit sa vie basculer en une nuit dans un véritable cauchemar, à cause de son premier écart de conduite. Le film débute par une voix-off qui nous présente successivement deux personnages que tout oppose et qui vont jouer un rôle déterminant dans cette histoire : Ramón, un gangster psychopathe, qui n’hésite pas à tuer ses victimes de sang-froid, et Raúl, un homme ordinaire et sensible, marié depuis douze ans, qui se considère comme un raté. Un soir de beuverie, alors qu’il n’a pas l’habitude de l’alcool, il décide de s’accorder un peu de bon temps en compagnie d’une séduisante jeune femme – sa propre épouse lui a conseillé de ne pas devenir « esclave de son travail et de son foyer ». C’est le début de catastrophes en chaîne qui s’abattent sur le pauvre Raúl, empêtré dans une affaire de meurtre, qui va tout tenter pour sauver sa vie et sa famille. El medallón del crimen est un film à suspense qui ne laisse pas une minute de répits ni au spectateur, ni à son protagoniste principal, pris au piège d’un enchevêtrement de hasards, malchances et malentendus. Les scénaristes font preuve d’une imagination diabolique en plongeant Raúl dans une situation inextricable, qui ne cesse d’empirer au fur et à mesure que le film avance, selon le principe de l’effet papillon. Par la stylisation de son intrigue et de l’environnement anonyme dans lequel les personnages évoluent, El medallón del crimen échappe à son réalisme de façade et introduit également des pistes irrationnelles et symboliques – le médaillon représente le nombre 13, le prénom des deux hommes commence par la même lettre. Réalisé en 1956, le film frappe par ses écarts de violence et de cruauté, comme à chaque apparition de Ramón qui exécute froidement d’innocentes victimes collatérales dans sa quête vengeresse.
Olivier Père, arte