Alma Viva
Comme chaque été, la petite Salomé revient dans un village familial à la montagne. Soudain, sa grand-mère bien-aimée meurt. Alors que les adultes se disputent les funérailles, Salomé est hantée par l'esprit d'une sorcière…
Cruel été. A peine Salomé a-t-elle retrouvé sa grand-mère adorée que celle-ci meurt brutalement, mais son esprit s’accroche à sa petite fille de toutes ses forces. Cristèle Alves Meira adopte le point de vue d’une enfant qui voit ce que les autres ne voient pas, créant un inattendu dialogue entre le monde du visible et de l’invisible. Portrait d’une famille aimante et nombreuse, peinture d’un village portugais à la croisée des légendes et des croyances aussi, Alma Viva est une ode à la vie.
« Je suis née en France de parents émigrés portugais, c'est dans le village de ma grand-mère maternelle, niché dans les montagnes dans le nord-est du Portugal, que nous avons tourné Alma viva et deux de mes précédents courts-métrages Sol branco et Campo de Viboras. J’entretiens une relation très intime avec ces paysages, pour moi ils sont chargés d'une pensée de notre temps mais qui nous vient des ancêtres. C'est avec ce sentiment que je les filme. On se raconte beaucoup d'histoires puissantes et mystérieuses dans ces villages. Des récits d'un autre temps qui sont la matrice originelle, la mémoire archaïque de la culture portugaise. J'ai passé mon enfance à entendre des histoires de mauvais sorts et de malédictions. Mais j'ai toujours vu les gens se cacher pour en parler parce qu'il y a un tabou autour de la sorcellerie.
Accepter de porter ces croyances au cinéma, de les rendre visibles, c'est une façon pour moi d'être dans la transmission comme la grand-mère de Salomé qui s'inquiète de transmettre son savoir ancestral et secret à sa petite fille. Salomé est accusée par les gens du village d'être "Bruxa" (une sorcière) parce qu'elle sort du cadre de la fillette gentille et raisonnable que la société impose aux femmes. Elle franchit les limites pour s’émanciper. C'était possible de faire ce film parce que je fais partie de cette communauté de portugais de France, de ce village isolé. J'ai tourné en famille avec des gens que je connais très bien, Lua Michel (qui interprète Salomé) c'est ma fille. Il fallait une connaissance du terrain innée pour pouvoir raconter de l'intérieur sans préjugés. » (Cristèle Alves Meira)
Ava Cahen, La Semaine de la Critique