Piccolo corpo
Italie, 1900. Agata est une jeune femme qui s'embarque dans un voyage désespéré pour atteindre un mystérieux sanctuaire afin de sauver l'âme de sa fille de la damnation éternelle des limbes…
Premier film de la réalisatrice italienne Laura Samani, Piccolo Corpo (…) sort des sentiers battus en suivant le parcours initiatique d’une jeune femme en 1900, mère d’une enfant mort-née. Son projet : sortir sa fille des limbes au terme d’un pèlerinage. Sujet original, à la mise en scène maîtrisée, ce très beau film augure une cinéaste à suivre. Ancré dans un milieu rural rugueux, Piccolo Corpo entremêle picaresque, dans son récit de voyage, gothique, lors de la traversée de la mine, et survie quand Agata et Lynx traversent la montagne. Cet ensemble romanesque est nimbée de mysticisme dans la mission dont s'est investie cette jeune mère illuminée, qu'interprète l'actrice inspirée Celeste Cescutti. Une même spiritualité du quotidien est perceptible dans le récent Lamb, avec Noomi Rapace. Le parcours d’Agata s’enrichit de rencontres dangereuses qui font penser à L’Homme qui rit de Hugo, la traversée des souterrains de la mine évoque Melmoth, l'homme errant de Mathurin, et la traversée de la montagne, Croc-Blanc de Jack London. Situé en 1900, le film ne cherche pas à reconstituer l’époque, il se déroule tout en extérieur. La foi, l’épreuve, la pugnacité sont au cœur du film. La rencontre d’Agata avec Lynx, petit malfrat qui veut se ranger des voitures, donne de l'humanité à des personnages qui évoluent tout le long du récit. Elle, avec sa mission mystique, lui, avec son désir d’une nouvelle vie, cherchent une rédemption qui sera l'aboutissement du voyage.
Jacky Bornet, France Télévisions, Culture