Accattone
Un souteneur de la banlieue de Rome perd son gagne-pain quand sa protégée est mise en prison. Il fait alors la connaissance de l'innocente Stella.
Premier long métrage de Pier Paolo Pasolini: nouveaux corps, nouvelle langue, nouveaux lieux. Essai d'une modernité archaïque. Film réduit à l'os et pourtant traversé de lyrisme, il dresse le portrait d'un quartier, d'un voyou aussi irritant que sympathique, aussi pitoyable que lumineux.
(…) Accattone est l'histoire d'un éblouissement. C'est une vision fulgurante, comme le soleil d'Hiroshima, qui pouvait fondre un amour neuf dans un amour ancien. Où est la psychologie classique en tout cela ? Où est la progression dramatique ? Nous, avançons par bonds, par mutations brusques. Nous sommes dans la psychologie atomique, exposés aux radiations qui vous foudroient et vous illuminent. Je pense qu'on peut au moins s'accorder à reconnaître la constante beauté de ces illuminations. Beauté des acteurs, entre la nonchalance et le sursaut. Beauté de la lumière qui transfigure les objets les plus sordides (la verroterie sous le soleil). Beauté de la violence, même…
Jean Collet, « Le blanc et le noir » - Les Cahiers du Cinéma n° 132, Juin 1962