Chungking Express
Deux flics sont lâchés par leur petite amie. L’un se promet de tomber amoureux de la première femme qui entrera dans un bar à Chungking House, où il noie son chagrin. L’autre passe chaque soir au Midnight Express, un fast-food du quartier, acheter à la jolie serveuse Faye une "Chef Salad" qu'il destine à son amour idyllique, une hôtesse de l'air.
“Chungking Express est l’une des oeuvres les plus aimées du réalisateur hong-kongais. Retour sur l’histoire d’un film fauché, pop, réalisé dans un élan de spontanéité en réaction à l’échec de son précédent long-métrage.
Nous sommes à Hong Kong, en 1994, Wong Kar-wai a 36 ans. Son nom n’évoque pas encore grand chose ailleurs dans le monde, où ses films n’ont pas été diffusés (excepté une sélection de son premier long, As Tears Go By, à la Semaine de la critique de 1989 – non convertie en distribution). Pourtant, à domicile, il a déjà eu le temps de connaître non seulement la saveur exaltante du succès (Nos années sauvages, son second long, a triomphé aux Hong Kong Film Awards), mais aussi aussi celle, plus aigre, d’un début de chute : Les Cendres du Temps, le “wu xia pian” pharaonique qui était censé marquer son adoubement en tant que jeune auteur prometteur, s’enlise. Le tournage de cette superproduction issue du genre roi du film de sabre s’éternise, multiplie les avaries et interruptions, et le budget a totalement explosé. Pour se sortir des sables mouvants de son magnum opus, WKW entreprend un projet indépendant à l’occasion d’une pause de deux mois. Il s’agit d’un film fauché, contemporain, libre, instinctif – tout ce que Les Cendres du temps ne sont pas – : Chungking Express."
-Théo Ribeton, Les Inrocks