Dune (1984)
La saga du guerrier intergalactique Paul Atréides et de son ascension messianique pour conduire son peuple luttant pour sa survie. Le jeune héros mène ses guerriers contre un baron maléfique et tente de mettre fin à un trafic d'"épices" à l'échelle de la galaxie.
"(...) Là où le film de Villeneuve porte l’étendard du tout-numérique, celui de Lynch témoigne d’un temps où les décors cyclopéens étaient construits « en dur », où les maquettes flottantes, les effets spéciaux artisanaux et les incrustations approximatives ouvraient autant de brèches à l’imaginaire. Dune 1984 fourmille en ce sens de trouvailles, de passages marquants, qui fonctionnent beaucoup mieux dans le détail, face à sa visée épique globalement défaillante.
La logique des rêves et des cauchemars, des pensées (chuchotées en voix off) et des sensations, tisse sur le costume spectaculaire du film, trop large, un ourlet intime et subjectif précieux. Boucliers géométriques, embryon remuant dans les flancs de la reine mère, vaisseaux stellaires, immensités sablonneuses constituent ici un étonnant bréviaire de poésie transcendantale. Le tout n’étant pas dénué d’une noirceur organique, comme les scènes qui touchent au baron Harkonnen (Kenneth McMillan), méchant répugnant au visage constellé de pustules, et à ses sbires – dont l’un interprété par le chanteur Sting, qui s’apprête alors à se lancer dans une carrière solo après la dissolution de son groupe, The Police.
S’il est acquis que Dune se conçoit comme un « trip » porté par son épice planante, son horizon est celui d’un néo-orientalisme typique des années 1980. Sa fable aux accents écologiques et new age peut en effet se comprendre comme celle de l’Occident malade venant se régénérer au contact de l’Orient et de son mysticisme. Œuvre extravagante, cabossée, oscillant entre le grandiose et le kitsch, Dune croit surtout en la magie des images, dont il orchestre une sorte de kermesse illuminée. Une bonne raison de le redécouvrir."
-Mathieu Macheret, Le Monde