Et Il y eut un matin
Sami vit à Jérusalem avec sa femme Mira et leur fils Adam. Ses parents rêvent de le voir revenir auprès d’eux, dans le village arabe où il a grandi. Le mariage de son frère l’oblige à y retourner le temps d’une soirée... Mais pendant la nuit, sans aucune explication, le village est encerclé par l'armée israélienne et Sami ne peut plus repartir. Très vite, le chaos s'installe et les esprits s'échauffent. Coupé du monde extérieur, pris au piège dans une situation absurde, Sami voit tous ses repères vaciller : son couple, sa famille et sa vision du monde.
Le réalisateur israélien Eran Kolirin, dont on avait aimé La Visite de la fanfare, en 2007, propose un huis clos à l’air libre, une fable sociale et politique dans un village palestinien inexplicablement encerclé par l’armée israélienne. Le héros, Sami (excellent Alex Bachri), cadre supérieur de Jérusalem en visite dans sa famille pour un mariage, ne peut plus s’échapper. Enfermé dans son passé, avec ses problèmes de couple et ses contradictions, il subit comme les autres les coupures de téléphone et d’électricité, la diminution des vivres, et sa tristesse, sa colère ne cessent d’augmenter. Si la chronique cocasse et cruelle d’une petite communauté sous pression rappelle la dérision des grandes comédies italiennes, le film dresse aussi un état des lieux impitoyable et engagé de la situation en Israël, et de son impact sur tout un peuple, de l’intime au collectif.
Cécile Mury, Télérama