L'Amour en Fuite
Après des années de mariage et un enfant, Antoine et Christine Doinel décident de divorcer. Antoine qui, à trente-cinq ans, est toujours un adolescent, se lance pour défi de retrouver les personnes qui ont marqué sa jeunesse. Des gens tels que Colette, son premier amour d’enfance ou encore Monsieur Lucien, l’ex-amant de sa mère…
Après avoir fait Les Quatre Cents Coups gamin, puis essayé L’Amour à 20 ans avec Colette des Jeunesses musicales, tenté de goûter aux Baisers volés de Fabienne Tabard et Christine Darbon, avoir abandonné le Domicile conjugal, Antoine Doinel est de nouveau en fuite… Dévalant les escaliers, courant sur les quais des gares, prenant le train en marche… Antoine fuit son passé, qui ne cesse de le rattraper. Pourtant, son livre de souvenirs, Les Salades de l’amour, est achevé. Son nouveau départ, ce sera avec Sabine, la vendeuse de disques. Ce sera aussi le dernier volet de la saga. Truffaut l’a dit : « Antoine Doinel, suite et fin. Point final. » Mais, avant de jeter l’éponge, il va s’amuser avec le matériau amassé depuis vingt ans. Son film est un puzzle de flash-back construit à partir des pièces maîtresses des quatre épisodes précédents. C’est une expérience unique dans l’histoire du cinéma. On se promène dans le passé de Doinel en revisitant la filmographie de Truffaut. La nostalgie est à son comble, on s’y abandonne, d’un extrait de film à l’autre. On sait que le tournage a été tendu, chacun devant faire le deuil de son personnage, Truffaut se sentant coupable de n’avoir pas su faire évoluer Antoine, éternel amant immature. Malgré lui, il a fait de Doinel un vrai héros de cinéma, condamné à disparaître en pleine jeunesse.
Anne Dessuant, Télérama