Rhino
L'ancien bandit se remémore sa vie. Depuis l'enfance, il sait très bien qu'il faut être fort et impitoyable - c'est le seul moyen d'acquérir de l'autorité et de survivre dans les années 1990. Combats, confrontations, meurtres, tortures - la force, la cruauté et l'impunité font de lui un rhinocéros impitoyable. L'ascension souhaitée se révèle être une chute dans laquelle il se perd lui-même et sa famille. Cependant, rencontrer un étranger donne une chance de tout changer…
Dans son nouveau film, Rhino, le réalisateur ukrainien Oleg Sentsov, qui a été emprisonné plusieurs années par le gouvernement russe, parle d’une forme différente d’enfermement. Son long-métrage précédent, Numbers, présenté à la Berlinale en 2020, se passait dans l’espace métaphorique d’une scène de théâtre et tournait aussi autour de la question de l’oppression, mais Rhino, qui vient de faire sa première mondiale dans la section Orizzonti de la Mostra de Venise, est plus proche de la vraie vie et des aspects infects qui la sous-tendent. Ce pourrait être une histoire de gangsters simple, comme tant d'autres, si ce n'était la photographie poétique de son premier chapitre, l'interprétation puissante de l’acteur débutant Serhii Filimonov et le choix du réalisateur de contextualiser la vie de Rhino parmi les changements sociaux et politiques qui ont balayé le bloc communiste dans les années 1980 et 1990, ce qui inclut l'Ukraine, parmi tant de pays. La manière attrayante de narrer qu'emploie le film et la densité de l'univers présenté à l’écran en font un film intéressant à voir, mais ces éléments permettent aussi de comprendre l'esprit de l’"homo sovieticus" devenu “homo capitalisticus”.
Ola Salwa, Cineuropa