Cat People

De Paul Schrader
Etats-Unis - 1982 - vost - 118' - Couleurs - Numérique
Synopsis

Irena retrouve son frère Paul à la Nouvelle-Orléans. Dans les jours qui suivent, une mystérieuse panthère tue une prostituée. L'animal se révèle avoir d'étranges liens avec Paul et Irena.

Critique

(...) Pour la première fois de sa carrière Schrader, scénariste vedette du Nouvel Hollywood, n’a pas écrit le scénario de son film. On le doit à Alan Ormsby, choix étrange pour un film de studio puisque Ormsby était connu pour sa collaboration avec Bob Clark (Le Mort vivant) et avait signé un film d’horreur à petit budget sur un tueur en série inspiré d’Ed Gein, particulièrement malsain, Deranged. Mais La Féline, film de commande, se révèle aussi personnel, sinon davantage, que les précédents longs métrage écrits et réalisés de Paul Schrader. Le cinéaste délaisse les conventions du film d’horreur et privilégie l’érotisme, l’onirisme et le symbolisme. L’histoire de cette secte millénaire adepte de la bestialité offre à Schrader le prétexte de parler de Eros et Thanatos, de virginité, d’inceste et de relations sadomasochistes. Schrader opte pour une approche mythologique de la sexualité et de la part animale, sous influence jungienne. Il glisse aussi des références à Vita Nova de Dante, sur la passion éprouvée pour une jeune femme inaccessible – déjà présentes dans le scénario d’Obsession réalisé par Brian De Palma. Schrader s’éloigne du réalisme de ses premiers films pour une stylisation extrême de tous les éléments dramatiques et esthétiques, ce qui confère à La Féline un univers visuel absolument fascinant. Les contributions du décorateur Ferdinando Scarfiotti (collaborateur de Bertolucci), du directeur de la photographie John Bailey et du compositeur Giorgio Moroder furent essentielles à la réussite artistique de La Féline, sans oublier l’incroyable beauté de Nastassja Kinski (photo en tête de texte), parfaite dans le rôle principal. Cette succession d’images maniéristes à la colorimétrie hallucinante, nimbées par les lourdes nappes de synthétiseur de Moroder, associé à David Bowie le temps d’une chanson géniale, déclencha l’incompréhension ou la moquerie au moment de la sortie du film. (...) Il s’agit (...) d’un des meilleurs films de Schrader, entre Blue Collar et Mishima. Les excès en tous genres et le caractère fantasmatique de La Féline en font un film monstre, à la beauté enivrante : un objet de culte, et pour une fois cette expression n’est pas galvaudée.

Olivier Père, ARTE

 

Projeté dans le cadre de

Du 2 février 2022 au 3 Mars 2022