American Gigolo
Julian, 30 ans, vit à Los Angeles. Beau, libre et indépendant, il monnaie ses charmes auprès de dames riches. Il accepte un jour de se rendre à Palm Springs, auprès de l'épouse d'un requin de la finance, sadique et voyeur. Mais le lendemain, sa cliente est retrouvée morte. Julian est soupçonné...
(...) En 1980 Paul Schrader est sans doute au sommet de sa gloire personnelle, auréolé par le triomphe de Taxi Driver qu’il a écrit en 1976 et grâce aussi à Raging Bull, autre scénario mis en scène par Scorsese qui sort sur les écrans américains quelques mois après American Gigolo. Ce classique instantané sera considéré comme le meilleur film de l’année par la critique américaine malgré des résultats décevants au box office. La carrière de Schrader en tant que réalisateur a démarré de manière plus confidentielle, éclipsée par les films Scorsese, De Palma ou Pollack qu’il a écrit. Blue Collar, Hardcore sont des bons films mais c’est American Gigolo qui va offrir à Schrader son premier et unique « tube ». Le film doit sa popularité immédiate à la présence de Richard Gere dans le rôle-titre, à l’orée de sa carrière et lancé comme le nouveau sex-symbol hollywoodien.
Julian Kay (Richard Gere), un bel Adonis californien, loue ses charmes à des femmes dans le besoin (besoin physique et sentimental, car elles sont bien entendu très riches.) Un soir Julian accepte une passe sadomaso avec l’épouse d’un homme d’affaires. Cette dernière est retrouvée morte et les soupçons de la police se portent naturellement sur Julian. Le meurtre semble être un coup monté de toute pièce pour incriminer le gigolo qui est décidé à mener sa propre enquête.
Les spectateurs ont surtout retenu de ce film son ouverture au son de la chanson de Giorgio Moroder Call Me interprétée par Blondie, véritable hymne de la culture disco et manifeste esthétique du début des clinquantes années 80. A revoir le film aujourd’hui on est surtout frappé par la rigueur janséniste de la mise en scène, tranchant avec le luxe des décors et des costumes Armani et caractéristique du style de Schrader qui n’a jamais caché son approche puritaine du sexe et du cinéma (deux choses qui lui furent longtemps interdites lors de son éducation religieuse) ni son admiration fétichiste pour Dreyer, Ozu et Bresson, maîtres d’un cinéma spiritualiste auquel il consacra un essai critique. (...)
Olivier Père, ARTE