Tootsie
Michael Dorsey, acteur exigeant sur le déclin, désespère de décrocher à nouveau un rôle. Sans trop y croire, il décide alors de se créer une nouvelle personnalité : il sera Dorothy Michaels, une femme dotée d'une forte personnalité. Or son déguisement va non seulement lui permettre de jouer dans une série télévisée, mais même lui attirer un vrai public de fans. Si ce nouveau statut n'est pas pour lui déplaire, il se trouve bientôt confronté à un dilemme difficile : comment avouer à sa collègue Julie Nichols, qui a fait de lui sa confidente, qu'il est en réalité un travesti amoureux d'elle ?
Michael Dorsey enseigne l’art dramatique à New York, mais peine à trouver des rôles. En dix ans de carrière cahoteuse, son intransigeance et son mauvais caractère lui ont fermé toutes les portes. Par défi ou par désespoir, il se déguise en femme, le temps d’une audition pour un soap télé…
Énergique, fofolle, mais aussi terriblement touchante, Tootsie a marqué les mémoires : presque une « vraie » actrice à part entière. Aux antipodes de la farce graveleuse et, grâce à l’extraordinaire performance de Dustin Hoffman, Sydney Pollack se livre à une réflexion délicate et drôle sur l’identité sexuelle et les préjugés qui l’entourent. Michael se découvre finalement des trésors de féminité, voire de féminisme. Il séduit sa partenaire Julie-Jessica Lange de manière bien ambiguë : un peu loup dans la bergerie, il la pousse à aimer au-delà des apparences. Le mensonge mène ainsi à la vérité des sentiments.
Tootsie est aussi une fable ironique sur le métier de comédien, façon Actors Studio : quelles sont les limites de l’identification à un rôle, qu’y met-on de soi-même ? Si l’on ajoute une distribution impeccable et une satire réjouissante des soaps au kilomètre, on comprend pourquoi cette comédie à succès résiste à l’usure du temps…
Cécile Mury, Télérama