Grain (La particule humaine)
Dans des villes ultra-protégées, les humains vivent dans le chaos social et la dépendance aux semences OGM. Des changements climatiques mènent à l’effondrement du vivant. Tous les organismes génétiquement modifiés périclitent pour des raisons inconnues. Le généticien Erin part alors à la recherche du professeur Akman, exilé dans la mystérieuse région des « Terres Mortes » en quête de graines capables de germer. Ce retour au désert est l’occasion d’une quête physique autant que spirituelle qui va bouleverser Erin en profondeur.
Projection suivie d'un débat avec le Docteur Alexandre Ahmadi (psychiatre et spécialiste du soufisme)
Le nouveau film du réalisateur turc Semih Kaplanoglu est une œuvre de science-fiction visionnaire, inspirée par Tarkovski. (…) En ce temps, la subsistance des êtres humains repose entièrement sur des nourritures de plus en plus génétiquement modifiées. En ce temps, les sociétés prospères excluent impitoyablement celles et ceux qui n’ont pas le bon génome. En ce temps, violence urbaine, scientificité arrogante, catastrophes environnementales et flicage général organisent la vie sur terre. Un brillant spécialiste de la manipulation du vivant, prenant conscience du cauchemar généralisé qu’il a contribué à développer, passe «de l’autre côté», à la recherche d’une alternative. La Particule humaine est le récit épique et mouvementé de sa quête. Le film se nourrit de la puissance visionnaire de son réalisateur, Semih Kaplanoglu, à qui l'on doit notamment une mémorable trilogie de paraboles centrées sur des éléments vitaux issus de la nature, dans leurs aspects matériels et symboliques, Œuf (2007), Lait (2008) et Miel (Ours d’or au Festival de Berlin 2010). Dans un scope noir et blanc somptueux, associant prises de vues réalistes et quelques effets spéciaux impressionnants, Kaplanoglu explore de nouvelles possibilités du lyrisme visuel qui caractérise son style. La présence de Jean-Marc Barr dans le rôle principal apporte une sorte de décalage, avec une pointe d’humour cool malgré la dominante très sombre, qui enrichit la composition. (…)
Jean-Michel Frodon, slate.fr