Mimi métallo blessé dans son honneur
Mimi, ouvrier sicilien, marié à Rosalia, est licencié après avoir voté contre le candidat de la Mafia – un vote qu’il pensait secret. Parti chercher du travail à Turin, loin de la pègre, il tombe amoureux de Fiorella, qui se retrouve bientôt enceinte…
Le portrait d'une Italie méridionale mafieuse et archaïque vue par le prisme de la satire sociale et du vaudeville.
Lina Wertmüller débute aux côtés de Fellini, comme assistante sur Huit et demi (1963). La même année, sous l’influence du Maestro, elle réalise, avec une partie de son équipe, I basilischi, son premier long métrage. Près de dix ans plus tard, elle réalise pour tous les "Mimi d’Italie et d’ailleurs", selon ses propres mots, une comédie satirique.
Son objectif est simple : réaliser un film grand public pour atteindre le plus grand nombre, en donnant la possibilité aux spectateurs, même les moins concernés, de réfléchir à la situation sociale et politique italienne. Exacerbant le burlesque et la dimension socio-économique prégnante dans le cinéma italien du moment, elle met en scène une femme, Fiorella, personnage sincère, appartenant symboliquement à la gauche, et Mimi, un homme manipulable qui s'abandonne à ses instincts.
Il devient le "Mimi métallo blessé dans son honneur" lorsqu’il séduit l’épouse du douanier, pourtant pas du tout à son goût. "C’est le moment le plus important de la parabole : devant l’absurdité de la solution choisie par Mimi, les spectateurs qui jusque-là éprouvaient pour lui complicité et sympathie ne peuvent pas ne pas s’apercevoir qu’il est idiot." (Lina Wertmüller)
Incarné par Carlo Gianinni, Mimi a tout du Sicilien archétypal. L’acteur en a d’ailleurs longuement observé et photographié les comportements pour, comme il le dit, « pousser la caricature jusqu’à l’extrême limite sans quitter la vérité ».
Mélange irrespectueux et féroce, le film est une comédie politique et féministe débridée, avec « un sens aigu du comique de situation, une mise en scène nerveuse, une excellente interprétation et une façon typiquement féminine de cerner par des détails savoureux l’univers chaleureux d’une tricoteuse trotskyste. »
Frantz Gévaudan, Cinéma 72 n°167, juin 1972