Sogni d'Oro
À Rome, Michele Apicella, jeune et talentueux réalisateur, travaille sur un film consacré à Sigmund Freud. Il apprend que Gigio Cimino, autre cinéaste italien qu'il méprise, réalise lui aussi un long-métrage avec le même producteur. Il s'agit d'une comédie musicale centrée sur les événements de mai 68. Bientôt, les deux hommes sont invités à un débat télévisé…
Dans son troisième long-métrage, Nanni Moretti dresse un tableau apocalyptique de la crise du cinéma italien au début des années 80, en même temps que le bilan des désillusions de la gauche révolutionnaire.
Dans son troisième long métrage après Je suis un autarcique et Ecce Bombo, Moretti se met de nouveau en scène dans le rôle de son double parodique, Michele Apicella, qui est ici un cinéaste à succès accusé par certains critiques d’intellectualisme forcené, qui vit toujours chez sa mère (professeur de gauche) et s’apprête à tourner un film intitulé «La Maman de Freud». Sogni d’oro (littéralement «rêves dorés») s’articule sur trois niveaux de narration: le film qui se fait, le cinéaste en butte à la vie quotidienne et ses rêves de plus en plus délirants. Avec une grande rigueur (et beaucoup d’humour), Moretti tient ici à faire coexister son exigence de faire des films en prise directe avec la réalité, et son désir de rappeler au spectateur que le cinéma est une représentation de la réalité où s’impose le point de vue du cinéaste. Moretti surmonte cette contradiction grâce à son jeu mi-naturaliste mi-parodique, et à une mise en scène théâtrale qui privilégie le plan fixe.
Vincent Adatte, Passion Cinéma