Aubrun, l'absolue peinture
Aubrun avait installé son atelier dans une église, devant la montagne Sainte-Victoire. Disparu en 2009, nous ne le voyons pas peindre, mais on comprend, par ses confidences filmées six mois avant sa mort, par des témoignages et des archives, comment il peint et, surtout, ce qu’il peint. Ce qui apparaît comme une peinture « abstraite » se révèle être une peinture absolument naturaliste, c’est-à-dire qui rend compte de la réalité : " Je passais mes journées à regarder les nuages manger le ciel et le ciel se venger sur les nuages. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de faire de la peinture."
Je n’ai pas connu François Aubrun. Il est mort en 2009. J’ai été très tôt bouleversé par sa peinture. Pendant six ans, dicté par une passion irrépressible, je suis revenu chez lui, dans la campagne d’Aix-en-Provence, pour y tourner des images de l’atelier — dans l’église de Saint-Joseph, face à la montagne Sainte-Victoire —, filmer les arbres, la lumière, les toiles. La famille m’a confié des films en super 8 ainsi que de nombreuses archives. Nous ne voyons pas Aubrun peindre, mais on comprend, par petites touches, ce qui l’inspire et détermine son destin. J’ai tenté, sans grand discours ni théorie, de montrer comment la lumière d’Aix est devenue sa lumière, comment s’est construite cette œuvre secrète. Le film évoque ainsi l’engagement total d’un artiste solitaire, injustement méconnu.
Note d'intention du réalisateur