Little Big Man
En 1859, Jack Crabb, encore jeune enfant, échappe à un massacre. Il est recueilli, avec sa soeur Caroline, par les Cheyennes qui le surnomment «Little Big Man». Adolescent, il rejoint le monde des «Blancs» et entre sous la tutelle d'un pasteur…
Ah! Le bon film, joyeux et terrible. Un vieillard de cent-vingt ans raconte sa vie à un journaliste et c'est toute l'histoire de la conquête de l'Ouest. Arthur Penn, d'après le roman de Thomas Berger, nous entraîne dans les extravagantes aventures d'un visage pâle. Pas une minute de répit, on ne s'arrête de rire que pour assister à de terribles massacres, la conquête de l'Ouest ayant été avant tout un affreux génocide; l'astuce du roman et la nouveauté de ce film, c'est qu'il prend parti délibérément pour les Peaux-Rouges, avec juste raison. Les conquérants de l'Ouest, les pionniers, volaient les terres des Peaux-Rouges et tuaient femmes et enfants; le fameux Général Custer s'illustrait dans la guerre d'extermination et comme il y a quelques fois une justice, il fut à son tour tué par les Indiens. Le héros fut d'abord un petit visage pâle enlevé par les Indiens, élevé par eux, aimé et protégé par un grand chef, délivré par les Blancs, reconverti aux bienfaits de la civilisation, passant d'un camp à l'autre, au hasard d'aventures picaresques, insensées et toujours crédibles. Le petit grand homme, incarné par Dustin Hoffman (merveilleux) est au cours de sa vie tous les personnages de l'Ouest, participe ou est témoin d'un tas d'événement qui sont la source de tous les westerns. C'est comique, c'est attendrissant, c'est révoltant, c'est formidable. Merveilleux film mené à fond de train, dans un mouvement endiablé et un humour percutant. A voir et à applaudir. Une grande réussite.
Michel Duran, Le Canard Enchaîné, 1971