L’une chante, l’autre pas est un musical féministe. Deux jeunes filles vivent à Paris en 1962. Pauline (17 ans), étudiante, rêve de quitter sa famille pour devenir chanteuse. Suzanne (22 ans) s’occupe de ses deux enfants et fait face aux drames du suicide de leur père. La vie les sépare ; chacune vit son combat de femme. Pauline est devenue chanteuse dans un groupe militant et itinérant après avoir vécu une union difficile en Iran. Suzanne est sortie de sa misère et travaille au Planning familial. Dix ans plus tard, elles se retrouvent au cours d’une manifestation féministe.
L'une chante l'autre pas
Il en fallait, de l’intelligence et de la sensibilité, pour rendre aussi prégnants les enjeux féministes d’une époque bouillonnante – la deuxième moitié des années 1970 – sans se laisser déborder par le didactisme ou la volonté d’asséner des vérités. C’est le prodige qu’accomplissait la grande Agnès Varda avec L’une chante, l’autre pas(1977). (…) Prodige, car ici le discours politique n’est pas plaqué sur le récit, mais chevillé à l’existence des personnages, soudé à leurs émotions et à leur intimité les plus profondes.
(…) Agnès Varda déploie un récit elliptique, toujours en mouvement, et sculpte ses plans, discrètement ornementés, dans un mélange de fixité du cadre et de mouvement des corps, où l’on reconnaît aussi sa patte de photographe. La beauté du film tient à la constance de son regard, sachant dépasser l’exposé politique pour décrire le cours accidenté de la vie, des années qui passent, et ainsi l’y prolonger. Ses dernières images sont consacrées aux enfants, à ces filles qui devront un jour reprendre la lutte au point où leurs mères l’ont menée. Idée d’une continuité bouleversante, où réside peut-être le véritable sujet du film.